Bienvenue sur le blog du forum :
|Ce blog a été créé pour offrir une lecture simple et claire à tous les visiteurs qui souhaitent lire des bribes d'histoire de nos personnages de l'université. Vous ne pourrez pas lire la totalité de l'histoire d'un personnage postée sur le forum, ou rarement, car cela demande trop de temps. C'est pourquoi les membres choisissent un épisode (ou plusieurs) de la vie de leur personnage pour le poster ici. Cet épisode est basé sur un évènement précis : une liason amoureuse, une amitié, une rencontre...
|Maintenant, le plan du blog : vous êtes sur l'index, et suite à cet article il y a les autres en fouillis. C'est pourquoi il y a un panneau à droite, où figurent toutes les catégories. Chaque catégorie renvoie à un personnage, en commençant par sa présentation.
|Sur le forum, ce sont deux personnes qui écrivent l'histoire, à partir de leurs personnages et cela se présente donc comme ça :
| Personnage 1 :
Bla bla bla
| Personnage 2 :
Bla bla bla
|Je ferai mon possible pour recréer l’ambiance du forum en ajoutant les avatars des personnages, afin que personne ne soit perdu. Il est aussi plus agréable de lire un texte sans faute, mais ce n’est pas garanti qu’il y en ait quelques unes qui se baladent, alors ne criez pas s’il vous plait. Aussi, les scènes trop explicites de Yaoi ne sont pas présentes sur ce blog parce que je ne le souhaite pas. Contactez-moi en commentaire pour me demandez ces parties si vous les désirez.
|Les grades du forum sont :
| Nouvel(le) Élève | | Solitaire | | Bien Aimé(e) | | Adoré(e) de la Classe | | Populaire | | V.I.Pde Fête | | Chef de Fête |
|Pour indiquer le grade du personnage, les majuscules de son nom seront teintées de ces couleurs-ci.
|Les articles présents en-dessous ne sont pas en ordre. Pour lire, vous devez donc choisir un des titres dans les catégories, dans la panneau latéral, à droite.
|Je pense vous avoir tout dit, mais si ce n’est pas le cas, si vous avez des questions ou autres, n’hésitez pas à m’en faire part en commentaires. Merci et bonne lecture.
http://universitehanachi.xooit.com/index.php
夢様
Yume-sama
Azumi :
Nom de votre personnage : Kietsch
Prénom : Azumi
Âge : 19 ans
Lieu où il a grandi : Allemagne - Munich
Caractère : Azumi fait froide au premier regard, elle est
forte et veut garder son indépendance qu'elle a cultivé au fil des
années. Elle ne s'ouvre pas vraiment aux gens, elle préfère rester
distante et ne pas s'attacher. Elle a eut des amies mais elle a
toujours dut s'en séparer. Elle exprime beaucoup ses émotions a travers
ses chansons mais refoule la moindre petite larme devant les gens.
Mais qui sait, peut trouvera-t-elle quelqu'un qui percera la carapace
qu'elle s'est créée ?
Famille : Orpheline.
Actuellement, il vit :
à Hanachi.
Description physique : Elle a de jolies yeux noisette. Ses traits
japonais qui ne laissent pas deviner sa double nationalité. Le seul petit
point qui pourrait la différencié de l'asiatique type c'est sa taille :
1m70. Elle a une silhouette élancée qui lui a permise d'occuper la
profession de mannequin pendant quelques temps avant qu'elle s'envole
pour le Japon.
Elle a un style vestimentaire aux influences
punk-rock mais qui reste tout a fait féminin. Ses cheveux ont subi
beaucoup de teintures : du blond, au rouge, au noir et autres couleurs
en tout genre...
Histoire : "Depuis le décès de ma mère dans cette accident
de voiture auquel j'ai survécu, j'ai vécu dans un orphelinat de Munich.
Je sais depuis toute petite que je suis différente, ne serait-ce que
par ma couleur de peau, mes yeux bridés et ma physionomie. Je ne
ressemblais pas aux autres enfants, avec leurs grand yeux bleus et leur
jolis cheveux dorés. Mutter est morte quand j'avais 3 ans, mais je me
souviens de ce qu'elle me disait "Ma petite Azu tu es la plus jolie des
petite fille, n'écoute pas les autres car ils ne savent pas que tu es
la plus adorable des enfants".
Oh Maman, comme tu as pu te tromper sur ma petite personne : je ne suis plus aussi adorable qu'avant.
L'année
derniere j'ai du quitté l'Orphelinat a cause de mon âge, j'ai fais
petit boulot sur petit boulot et étudié le japonais, en ayant pour seul
but de rejoindre ce pays où les gens me ressemblent un peu.
Et me
voila a l'université Hanachi, au pays de mon père inconnu. Mais ne
vous imaginez pas que je suis la pour le retrouver ! Je connais même pas
son nom de famille, je porte celui de ma mère.
En plus je n'ai
pas du tout envie de m'embarrasser d'une famille, j'ai vécu 16 ans sans
alors je ne recommencerai pas maintenant "
1. Azumi Kietsch le 31-10-2009 à 13:40:14
Je viens de voir que le nom de famille possède une erreur ... Gomen ! C'est Kietsch et pas Kiestch
Tsuki:
Nom de votre personnage : Keikisoku
Prénom : Tsuki
Âge : 20 ans
Lieu où il a grandi : sur la petite île Okushiri
Caractère : Il est
solitaire, froid avec les personnes qu'il ne connait pas et n'apprécie
pas. Impulsif, il sait se battre si on le cherche. Il ne
sait pas parler aux personnes la première fois sans bafouiller... Il
lit et travaille beaucoup, ne se laisse pas facilement distraire en
cours. Il ne compte que sur les relations amoureuses à longue durée et
prend son temps, il n'aime pas précipiter les choses. Étant fils unique,
il n'est pas partageur : ce qui est à lui, est à lui, celui qui y touche
se fait mettre dehors à coup de chaussures dans le derrière...
Famille : Parents divorcés, fils unique.
Actuellement, il vit :
A l'université
Description physique : Beau
garçon, il a les yeux marron, presque
noirs, il sait entretenir son corps il est donc sculpter comme un
dieu., ce qui en faisait baver plus d'une dans son ancien lycée.
Certain(e) diront qu'il a un dos sexuellement attrayant, ses muscles se dessinant au moindre mouvement. On ne peut pas dire qu'il soit petit ou grand, il aborde une taille tout à fait normale pour son âge. Il possède un tatouage sur le torse, au pectoraux gauche. Sa petite bouille fait qu'on le trouve "mimi", mais c'est assez souvent que ses sourcils se froncent dans une moue désaprobatrice si on le cherche. Quand à son style vestimentaire, Tsuki ne cherche pas à attirer l'attention. Il s'habile simplement, mais parfois préfère paraître plus classe, sur un coup de tête.
Histoire : Ses parent ont divorcé quand son père est partit avec sa secrétaire mi-japonaise mi-punk. Depuis, il n'aime ni son père ni sa mère et encore moins ses belles mères. Sa mère s'est remise avec une fille dégoutée par son ex-mari. Lui, il n'a cessé de faire la navette entre deux lieux qui le dégoutaient. Il a fini par fuguer à l'age de 13 ans sans donner de nouvelles à ses parents durant 2 ans. Il a cependant persévéré, aimant tellement étudier, et il a continué sa scolarité dans un lycée réservé uniquement aux garçons, c'est pourquoi il a perdu l'habitude de côtoyer des filles mais ne s'est pas pour autant replié sur les garçons, pensant qu'il ne voulait pas être comme sa mère (ni comme son père). Il n'a eu qu'un seul est vrai amour avec une certaine Yuumira. Une déception amoureuse qui lui a valu deux tentatives de suicide. Il s'est rétabli mais a été viré de son ancienne université, il est donc venu ici...et pas pour son plus grand plaisir...
Genzo :
Nom de votre personnage : Tao
Prénom : Genzo
Âge : 27 ans
Lieu où il a grandi : Tokyo
Caractère : Genzo n'est en soi pas quelqu'un de sociable. Il
n'est pas inapprochable mais à juste tendance à être agressif si on le
cherche un peu trop. Il ne supporte pas tout ce qui est trop mignon et
trop froufroutant. Il avait quelques bons amis, filles et garçons, avec
qui il faisait la fête autrefois mais à présent qu'il vit aux abords
d'Hanachi il a choisit de tout recommencer. C'est quelqu'un de très
ouvert et qui refuse qu'on l'enferme pour lui les barrières n'ont aucun
importance.
Famille :
On pourrait dire orphelin mais il ne l'est pas.
Son père était hôte et sa mère hôtesse. Ce n'était pas une union
équilibré et leur enfant n'était pas le fruit de l'amour. Actuellement
ils sont toujours ensemble et tienne une boite louche dans les bas fond
de la grande cité.
Actuellement, il vit : Au dessus du salon de tatouage, il loue une chambre au propriétaire.
Description physique : Genzo est plutôt grand, dans les 1m90. Sa
musculature est plutôt impressionnante mais pas trop imposante. Il
entretient son corps c'est son outils de travail ainsi qu'une œuvre
d'art. En plus de son piercing au labret centré, il en a possède deux
sur le narine droite. Sur son arcade, du même coté que pour le nez, il a
un autre bijou. Ses bras son recouvert de tatouage, ainsi que ses mains
et une partie de son cou et de son torse. Malgré ses longs cheveux
blond et brun il ne ressemble pas à une fille même si il lui arrive de
se maquiller.
Son style vestimentaire est plutôt punk parfois
partant sur le style visual kei, mais avec l'age il a apprit à
s'habiller un peu plus sobrement qu'avant. Niveau coiffure, il aime se
faire parfois de longue tresse qui lui tombe au milieu du dos. N'ayant
pas une vue parfaite il lui arrive de porter des lunettes pour conduire
ou pour tatouer, ou encore pour lire et utiliser un ordinateur.
Histoire : Enfant pas vraiment désiré, né d'une relation
d'un soir, il réunira malgré tout ses parents. Bien que pas marié, son
père et sa mère vivront ensemble entre disputes, coups et tromperies.
Malgré tout ils sont toujours ensemble à l'heure actuel et sont même
associés. Genzo lui grandit, il va à l'école mais n'aime pas ça. On peut
dire que très tôt il sera un délinquant. Cigarette et alcool il y
touche à l'age de ses 11 ans, la drogue se ne sera que plus tard vers
ses 14 ans. Deux ans plus tard il quitte l'école en n'aillant aucun
diplôme. Son seul talent : le dessin. Bien sur il fait du sport, du
basket ball principalement, mais ne sera pas assez doué pour exercer en
professionnel. Son dossier scolaire est tellement catastrophique qu'il
n'aurait même pas put décrocher une bourse.
En dehors du lycée,
Genzo fume, sort, boit, se déprave. Son homosexualité il l'a découverte
très tôt, pas besoin d'attendre. A 12 ans il se faisait déjà sauter par
les clients de sa mère qui le trouvait plus intéressant que sa vieille.
Et lui ? Lui il s'en fichait il trouvait ça excitant, il aimait ça.
C'est à 16 ans que s'inversa la situation, lorsqu'il eu un petit ami. Ce
dernier, plutôt efféminé, lui fit découvrir ce que c'était de dominer
la situation, et il y prit encore plus de plaisir. Depuis, plus jamais
personne ne toucha à ses jolies fesses.
Il tomba très vite dans un
cercle vicieux, celui de la drogue. Il ne tient pas sa journée sans sa
barre de cocaïne. Une le matin, une le soir et parfois avant de faire
l'amour. Ce n'est pas un grand romantique, mais ce n'est pas non plus
quelqu'un qui couche à droite à gauche sans se soucier du nom. Il a des
relations, de un mois minimum, mais il ne sait pas vraiment si il peut
appeler ça de l'amour ou de l'affection, il n'a jamais tenté de
rattraper un de ses petits amis qui décidait de le quitter. Parce que
monsieur ne quitte personne, il attend qu'on le fasse. Enfin c'est son
habitude, ou alors il est trop défoncé pour réagir.
Le tatouage il
l'a dans la peau, au sens propre et au figuré. Malgré ses habitudes de
drogué, il est très professionnel et très soigné dans son travail. C'est
un très bon dessinateur et à déjà tatouer dans des salons de plutôt
bonne réputation sur Tokyo. Aujourd'hui il débarque dans les environs
d'Hanachi. Ne vous étonnez pas si vous le voyez trainer près des
terrains de sport, même si ce n'est pas un élève il trouve toujours un
moyen d'entrée.
|Irezumi-|Akusesari
Je suis le nouveau tatoueur
Le réveil avait été difficile, j'avais
trop bien dormi ce qui supposait que je m'étais adapté à mon nouvel
environnement de travail et de vie. Un bâillement m'échappa alors que je descendais
les marches pour aller dans la boutique. Il était 10 heures tapante et déjà les
autres devaient commencer à travailler.
Regardant aux alentours, je ne vis pas le patron, mais
seulement un autre employé penché sur sa planche à dessin. Il n'y avait personne
à la boutique, j'avais donc le temps d'aller m'acheter un café. J'enfilais mon
débardeur que je tenais à la main puis décidais de finalement me présenter
avant d'aller chercher de quoi me réveiller convenablement.
- Excuse moi, fis-je en me postant à coté du petit
blond. Je suis le nouveau tatoueur. Je ne sais pas si le patron t’a mis au
courant...
Je m'arrêtais cependant de parler attendant qu'il lève le
regard vers moi.
Je dessine le tatouage d'un client, la tête dans la brume. Ma sœur
me manque. Ma famille me manque. Ma mère et ses plats préparés avec amour me
manque.
Un soupir s'échappe de mes lèvres et me concentre. Arrêter
de penser.
Pourtant, une voix qui ne m'est pas familière me fait
froncer les sourcils. Je relève la tête, et reste étonné.
Oh merde. Une bombe!
-Nouveau tatoueur? Non, je n'étais pas au courant. Je
suis Tomeo.
Je lui adresse un petit sourire, essayant de cacher
l'effet qu'il me fait.
-Je m'appelle Genzo. J'espère qu'on
travaillera bien ensemble.
Je tentais de lui rendre son sourire même si cela
était très rare, surtout par simple politesse. Je frottais mes cheveux pour
tenter de les remettre correctement : j'avoue ne pas avoir pris le temps de
soigner ma tignasse correctement ce matin.
- Si tu n'es pas au courant je suppose que tu ne
pourras pas me dire où est mon plan de travail. J'ai débarqué il y a deux jours
et j'ai juste eu le temps de me faire embaucher et de trouver un logement.
Pas le temps de penser à autre chose, après plusieurs
nuits sans sommeil il avait eu besoin de rattraper ce dernier.
- D'ailleurs je sortais m'acheter un café, tu veux
quelque chose?
-Non non, merci. J'en ai pris un
tout à l'heure. Et, je crois que tu auras le seul plan de travail de libre.
Je lui pointe le bureau non-utilisé, et lui souris gentiment.
Je repenche la tête sur mon dessin, m'appliquant pour que tout soit parfait.
- Tu devrais te dépêcher par contre. Si c'est ton premier
jour de boulot, le patron, enfin, celui qui le remplace, va venir te regarder à
l'œuvre.
Fusa' est en vacances. Et son remplaçant, est loin d'être
aussi séduisant et sympathique.
-Ah Kuso ! Fis-je en passant une
main dans mes cheveux emmêlé.
J'ai pris ma dose ce matin mais caféine oblige. Là je vais
être rapide et efficace j'en suis sur. Je profite de mon tour à l'extérieur
pour m'imbiber du soleil et pour fumer une cigarette matinal, la cinquième
depuis tout à l'heure enfaite mais bon. Je rentre dans la boutique et oh
bonheur le patron n'est pas là! Je me dépêche de m'assoir, en posant le café
sur le bord. Bizarrement alors que je commence à dessiner je me sens tout de
suite à l'aise, même si pour l'instant pas de client à l'horizon. Je m'étire
pour replonger dans ma création.
Je fais ça sans aucun but, si seulement on pouvait me
donner du boulot.
- Je n'ai plus besoin de faire mes preuves,
grognais-je.
Je lançais un regard vers mon collègue, étudiant sa
posture, son visage... Je trouve ça étrange de dissimuler son nez derrière un
bandeau, ça doit être pour se donner un style ... Ah les jeunes aujourd'hui!
- Tu travailles ici depuis longtemps ? Lui demandai
je curieux.
-Depuis plus d'un an.
J'en suis rendu à ma deuxième commande. Je dois reproduire
une photo d'un petit garçon. Et bien que d’habitude, je le fais incroyablement
bien, aujourd’hui, je n'y arrive pas. Je fronce les sourcils, et soupire, tout
en froissant ma feuille.
Je suis très perfectionniste.
-Si tu t'emmerdes, tu peux toujours regarder dans le livre
là-bas,
Je pointe l'agenda, qui est sur le bureau du patron.
- Tu peux voir les rendez-vous des clients et savoir ce
qu'ils veulent comme tatouage. Comme ça, tu va avoir fini le dessin avant que
le client arrive. En ce moment, je fais le deuxième, qui est à midi. Le premier
je l'ai fait tout à l'heure. Donc, tu es rendu au troisième, à 14 heures.
C'était supposé être à moi, ce client mais je vois bien
qu'il s'ennuie. Et de toute manière, celui là m'énerve tellement que je n'aurai
pas fini à temps.
-Merci.
Je me lève pour feuilleter l'agenda, prenant les lunettes
pendu au col de mon débardeur je les enfile pour y voir plus claire. J'arque un
sourcil en voyant la commande : ce n'est pas du petit tatouage. Une carpe koi,
motif japonais, écriture, ombrage, couleur. C'est un bel ouvrage à réaliser,
qui vaut très chère et dans un domaine dans lequel j'excelle. Je jette un
regard vers Tomeo me demandant s’il a bien lu l'intitulé de la commande. Me
donner un tel tatouage à réaliser c'est carrément un cadeau!
Alors que je passe à côté de lui je glisse un autre mot de
remerciement de ma voix grave et éraillé. Par la même occasion je regarde sur
quoi il travaille : un portrait, pas chose facile non plus.
Je m'intéresse à mon propre travail alors que je m’assoie.
Pour 14h? Cela me laisse pas mal de marge, il devrait être près. Je fronce les
sourcils et commence à dessiner. Emplacement? Avant bras ... je n'ai pas
vraiment de mesure mais je ferais fonctionner la photocopieuse. Cependant j'ai
tout de même besoin d'un modèle.
Je me tourne vers le blondinet pour lui demander son aide.
- Excuse-moi. Tu peux m'aider cinq seconde? Je voudrais
que tu me prête ton bras pour prendre quelques mesures.
Je tente un regard amical pour obtenir ce que je veux.
Je lève les yeux vers lui, surpris.
J'avoue que j'étais tellement concentré que je ne me souvenais plus qu'il était
dans la même pièce que moi. Je secoue la tête, remettant mes idées en place.
- Te prêter mon bras? Bien sûr, oui.
Je me lève et me déplace jusqu'à lui. Je lui tends mon
bras, tout en observant un peu plus son visage.
Toujours concentré je prends les
mesures de son bras en faisant le tour avec le papier. Délimitant l'espace je
peux enfin voir l'ampleur que va prendre le dessin. C'est une manie chez moi je
ne peux pas m'empêcher de poser des questions quand je travail sur le corps de
quelqu'un, même si ce n'est pas lui que je vais tatouer, ma langue se délit.
- Tu as des tatouages? Je n'en vois aucun, commentais-je.
Je pousse ma curiosité car un tatoueur sans tatouage,
c'est assez étrange. Qui ferais confiance un perceur qui n'a pas de piercing ou
à un garagiste sans voiture? Tout est pareil, il faut des preuves pour que les
gens acceptent que vous vous occupiez de leur bien, que ce soit objet ou corps.
-J'en ai trois. Ils ne sont pas
apparents, c'est tout.
Je me mords la lèvre. Son toucher est léger et habile.
J'en frissonne presque. J'imagine quel amant il doit faire.
Nerveusement, je joue avec mon piercing à la langue, le
passant sur mes dents. J'adore mon nouveau petit bijou. Malheureusement, je
n'ai pas encore testé quel effet il fait à la gente masculine.
Je lève les yeux vers son visage alors
qu'il joue avec ce petit bijou qu'il a de planté dans la langue. Sa petite tête
blonde est insupportable de faire ça. Je suis un homme certes mais un homme qui
trouve ça incroyablement attirant quand un autre sait utiliser cette partie là
de sa bouche.
J'étais un peu étonné qu'on donne autant de responsabilité
à des gars aussi jeunes. Le travail s'apprend dans la rue, par une grande
pratique personnelle, et par un professionnalisme hors paire aussi. Quel âge
avait il donc pour pouvoir travailler comme ça?
- Tu as quel âge au faite?
Je trouve que c'est la une preuve de la
créativité humaine. Un tatouage, ce dessin presque parfait encré dans ta
peau... Le piercing, je crois que ça signifie la liberté totale de soi. Enfin
bref, chacun son truc.
- J'ai 18 ans. Et toi?
Je suis dans ma bulle, maintenant.
-C'est une question qu'on ne me pose
plus ça. Disons que j'ai arrêté de compter, fis-je en riant.
J'avais l'air d'un vieillard à côté de lui. Je fronçais
les sourcils en traçant le dernier coup de crayon sur le papier. Voila, je lève
le regard vers lui et hoche la tête rapidement pour me retourner vers mon plan
de travail.
- Merci, prononçai-je sans le regarder. Je peux
te poser encore une question? Ton prochain tatouage tu le fais où?
Je sais que c'est un cercle sans fin, surtout quand on est
tatoueur et que l'on débute, pour l'instant on va dire que son corps est encore
très vierge, comparé au miens.
Je hausse un sourcil et souris malgré
moi. Doucement, ma main qui était libre se dirige vers une partie basse de mon
anatomie. Je lève légèrement mon t-shirt et je pointe juste au-dessus de
l'élastique de mon boxer, enligné sous mon nombril.
- Il ne me reste que le tatoueur. J'ai déjà trouvé ce
que je veux.
Je me mords la lèvre, alors que je sens son regard brûlant
sur mon ventre.
-Ici? Demandais-je en posant mes
doigts au niveau où il avait posé sa main.
Je réfléchis quelques secondes.
- Habituellement ce n'est pas un bon endroit à faire
tatouer. Avec l'âge sauf si tu t'entretiens ça va se déformer. Le fameux ventre
à la bière ... ironisais-je. Tu veux y mettre quoi? Une écriture, un
petit dessin?
Je levais mon regard vers lui. Je m'y connais c'est mon
métier, il peut me faire confiance non?
-Pour l'endroit, je m'en fiche. Je
ne vais jamais devenir gros. J'ai un métabolisme rapide de toute façon. Je veux
y inscrire "Until The End".
Cette phrase sera la preuve, que je n'ai pas tout oubliée.
C'est aussi en mémoire de tous mes proches que je ne vois pas aussi souvent que
je ne le voudrais. Il y a pleins de gens, dans cette phrase. Des gens que
j'aimerai jusqu'à la fin.
Bien sûr, je me garde une petite réserve, je ne lui dis
rien de tout cela.
Par contre, j'ai un éclair de génie!
- Ça te dirait de me tatouer?
-Que tu le veuille ou pas ton corps
vieillira...
J'étudiais l'idée de le tatouer. Pourquoi pas,
intéressant, plutôt pas mal. "Until the end" ... Jusqu'à la fin.
Banal en somme mais qui peut signifier beaucoup de chose.
- Je suis plutôt doué pour ça. Tu veux une écriture
particulière? Lettre gothique?
Je trace avec mon doigts une forme un peu abrupte les
premières lettres sur son ventre.
- Ou bien quelque chose de plus fin et sophistiqué, une
écriture manuscrite?
Je fis glisser mon empreinte de manière plus souple cette
fois. Ce n'est pas mon domaine d'excellence, mais je m'en sors très bien.
- Je ne sais pas encore. J'ai
sûrement encore un peu de temps pour me décider. Ce que j'avais dessiné, c'est
entre les deux. C'est mon style personnalisé, la plupart de mes tatouages que
je fais sont comme ça. Enfin, quand j'ai carte blanche.
Je retiens
mon ventre de se contracter sous son toucher. Sérieusement, ce mec est top.
Lorsqu'il touche ma peau, son contact est brûlant comme de la braise, autant
que son regard. Vraiment, ce mec me fait un effet monstre.
-Tu me le diras dés que tu seras
fixé. Je serais ravie de te tatouer.
Je lui lance un regard appuyé, rempli de mystère, à la
fois attrayant et horriblement effrayant. Je ne saurais comment le définir mais
je sais que je peux le faire. Ma main se pose à plat sur son ventre et je le
sens frissonner. Il est ferme, alors pour le tatouage ça devrait aller.
- Si tout ton corps est aussi beau que ça y'en a qui
doivent avoir de la chance, ne pus je m'empêcher de commenter.
-Bah, je me dis que peut-être après
la fermeture...Enfin, si tu veux. Tu as sûrement quelque chose d'autre à faire,
et je ne voudrais pas te déranger...
Je bafouille presque pour un simple tatouage. Par contre,
lorsqu'il parle de mon corps, j'ai une bouffée d'assurance.
- Pour mon corps, tu devrais peut-être vérifier s'il est
beau partout.
Je souligne mon dernier mot, haussant un sourcil, une
lueur de défi et de désir dans les yeux.
-Non ça ne me dérange pas.
J'ai un rire à sa seconde remarque. Les gens de nos
jours décidément ne savent plus tenir leur langue, ou est donc passer toute
leur subtilité? Il n'empêche que l'idée me plairait, mais il a 18 ans, ça fait
9 ans d'écart entre sa petite personne et moi.
- Je suis trop vieux pour toi garçon. Les jeunes
comme toi ont besoin de quelqu'un de leur âge.
Cependant je maintiens son regard. J'aime la manière qu'il
a de me fixé ainsi. Même si plus il va me regarder ainsi plus il y a de chance
que je ne fasse pas que dessiner sur son corps ce soir.
- D'ici ce soir j'espère que tu auras finis ton
tatouage, comme ça je pourrais le commencer dés aujourd'hui.
-De leur âge. Ouais. Enfin.
Je secoue la tête en souriant, et m'éloigne de lui. Je
m'approche de mon bureau et me laisse tomber lourdement sur la chaise. J'ai un
petit sourire aux lèvres, alors que je continue le portrait. Je reprends vite
ma concentration, mais je laisse quand même une petite partie de moi avoir hâte
à ce soir.
Les heures de travail passent, les
clients défilent, piercings, tatouages, ou simples curieux : il y a de tout et
cela rythme agréablement ma journée. J'en reverrais certains qui ne sont pas
terminé et qui demande encore 2 à 3 heures de travail. C'est le dos en compote
que je m'étire.
- Enfin finis ! M’exclamais-je. On va pouvoir
passer aux choses sérieuses !
Je me demandais s’il se souvenait que je lui avais promis
son tatouage, j'espère qu'il l'a terminé dans la journée. Bien qu'avec le
nombre important de gens qui sont arrivés je ne suis pas sur qu'il en ait eu le
temps.
La journée a été mouvementée, c'est
presque incroyable. Par contre, j'ai pu trouvé le temps, entre les piercings et
les tatouages que j'ai du faire, de terminé mon dessin. Finalement, j'ai opté
pour une écriture gothique. Bien qu'elle soit moins douce pour les yeux, je
trouve qu'elle va rehausser la signification de mon tatouage.
Il est près de 19 heures lorsque je finis l'inventaire, et
que je me dirige vers la porte d'entrée. Je verrouille celle-ci, et retourne
d'un pas lent vers mon bureau. Je passe machinalement ma langue sur mes lèvres,
me délectant de la piqûre légèrement glacé du bijou sur ma peau.
J'entends Genzo s'étirer et soupirer de bien être, avant
de s'exclamer. C'est qu'il a hâte, lui! Je pose mon regard sur lui, avant de
saisir la feuille où mon futur tatouage est dessiné. J'ai eu le temps de tout
terminé. Il ne me reste que la partie étamper sur la peau et tatouer.
- Je suis prêt, si tu en as toujours envie.
Envie de ? Ah oui, le tatouage. Mon
esprit était déjà partie ailleurs dans quelques idées mal placés où le petit
être blond non loin de moi avait le privilège de coucher avec moi. Je m'étire
encore une dernière fois avant de me relever.
- Je suis prêt. Allons derrière ce sera plus
tranquille.
De toute manière c'était là que se trouvait tout le
matériel, mais c'était juste pour placer une phrase à double sens dans mes
propos : que ce soit pour tatouer ou pour une quelconque autre activité, on ne
risquait pas de nous déranger ni de nous voir. Je lui souris aimablement. Avant
de me diriger en premier là bas.
Je soupire et regarde mes pieds. Donc,
je vais devoir me déshabiller. Et je vais sentir encore sa peau brûlante sur
moi, ainsi que son regard tout aussi brûlant. Je joue de nouveau avec mon
piercing, et le suis dans mon bureau habituel. Enfin, le nôtre à présent.
J'enlève donc mon pantalon et mon t-shirt, avant de lui donner la feuille.
-Donc, je veux cela ici...
Je pointe sous mon nombril, entre celui-ci et mon pubis
sera parfait. De plus, ça mettra une touche encore plus sexy à mon ventre
presque parfait.
- Et je veux le tout proprement. Et...J'ai calculé le
prix. Si ça ne te convient pas, on peut toujours s'arranger autrement...
Je lui souris, avant d'aller m'asseoir. Par habitude, je
fais déjà pivoter le banc de manière à ce que je sois couché.
Je le regarde se déshabiller sans
aucune gêne et avec envie. Je regarde ses jolies fesses sous le tissu, ses bras
fins, son torse imberbe et son ventre plat. Mes pensées s'évadent sur le moyen
de se servir d'un corps pareil. Je me dirige vers le siège, et il s'allonge déjà
pour que je puisse commencer. Je pose le stencil sur son ventre pour dessiner
le contour, l'encrage et le remplissage seront faciles à faire.
- Il n'y a que l'argent qui m'intéresse. Si je tatoue
c'est pour avoir de quoi vivre.
Au moins ce point là est mis au clair : je ne fais pas de
réduction à cause d'un petit écart de conduite avec le client. Je suis
concentré sur son tatouage à présent.
- C'est bon? Je l'ai bien mis?
Je parle du pré-tatouage, je suppose que oui puisqu'il est
situé exactement là où il me l'a demandé.
-T'inquiètes, je ne pensais pas à
autre chose que l'argent. Et ouais, tu l'as bien mis.
Je me concentre sur le plafond, laissant aller mes
pensées vers l'extérieur du salon de tatouages.
Je soupire, alors qu'il commence à tatouer le contour. Je
sens que je n'ai pas finis de penser. La différence, entre lui et moi, c'est
que je peux me concentrer pour tatouer et parler en même temps. Lui, les
fonctions ne peuvent se mettre en marche en même, enfin, du moins je le crois.
- Tu habites en haut ?
-Oui. Le patron me loue un studio.
C'est plutôt simple mais sympa, pas trop moche en plus. Je m'y suis déjà
adapté.
Je lui réponds alors que je fronce les sourcils pour bien
faire attention, même si je sais parlé en même temps, j'aime savoir que ma
préoccupation première est le tatouage. J'aime le travail bien fait et si je le
rate c'est presque irréversible. Malgré tout, je ne peux empêcher mon esprit de
divaguer sur le dessin des cuisses de Tomeo.
Le temps s'écoule, et j'ai eu
l'impression de jamais en voir le bout. Lorsqu'il me dit qu'il a fini, Je me
redresse, et me plante devant le miroir. Ma peau est légèrement rouge, mais mon
tatouage est trop bien réussi.
-Merci!
Je farfouille dans mes poches, et J'en sors le prix que
j'ai calculé plus tôt. Je lui tends la liasse de billets.
Je suis satisfait de mon travail : ce
n'est pas le plus dure des tatouages que j'ai fais, il est juste long à
réaliser. Je suis content de l'encrage et du reste. Je compte les billets pour
me rendre compte que j'ai le total mais que j'ai encore envie de jouer un peu
avec lui. Oui, maintenant je me suis laissé prendre au piège, je l'avoue.
- Il manque un petit quelque chose...
Je m'approchais de lui en le fixant droit dans les yeux.
Allez cède moi.
Je me perds dans ses iris, passant
automatiquement ma langue sur mes lèvres. Il s'approche encore un peu plus, le
regard allumé d'une lueur déterminée. Il s'arrête alors qu'il ne reste qu'une
dizaine de centimètres entre nos deux corps.
- Qu'est-ce qu'il manque ..?
Sans même m'en rendre compte, j'ai dû me rapprocher. Un
sourire satisfait vient prendre place sur son visage avant qu'il ne me réponde.
-Un supplément pour avoir supporter
ton discours pendant autant de temps.
Je me rapprochais de lui le faisant se rapprocher de
la table.
- Tu m'as proposé quelque chose tout a l'heure non?
Je glissais mes deux mains dans son cou, approchant mon
visage tout près pour finalement m'éloigner pour aller me rassoir la ou je l'ai
tatoué. J'aime faire semblant d'avancer pour me rétracter ensuite, voir si
l'autre en a vraiment envie.
Je suis bouche bée. Je le regarde
s'éloigner, un air légèrement dégouté au visage. Puis, sans hésitation, je
m'approche de lui. Il me regarde, avec une expression indéfinissable. Lorsque
j'arrive devant lui, je me penche, appuyant mes mains sur les accoudoirs de la
chaise. Je positionne mon visage devant le sien, effleurant légèrement ses
lèvres des miennes.
-Tu veux faire le test?
-Ai-je l'air réticent? Répondis-je
simplement.
C'est moi qui approchais mes lèvres en premier pour
simplement les reculer ensuite. C'était un test, une simple pression infime sur
sa bouche. C'était divertissant, ce gamin l'était. Pourtant je franchissais des
barrières que je ne devais pas franchir. Je me demandais bien où ce petit jeu
allait me mener : c'était follement excitant.
Je soupire, exaspéré. Je lui jette un
regard noir, avant de saisir sa tête entre mes mains. Aussitôt, je pose mes
lèvres sur les siennes, avec une envie non-dissimulé. Ma langue vient
rencontrer la sienne, et je peux même sentir ses mains sur mes épaules. Je me
rends compte ainsi que je suis toujours torse nu.
Je me détache après une trentaine de secondes, et lui fait
un grand sourire. Une de mes mains vient jouer avec une de ses tresses.
-Satisfait?
-Non. Encore, exigeais-je.
Quoi? Il croyait me satisfaire ainsi? C'était trop
plaisant pour que je m'en contente. Je revins coller ma bouche contre la sienne
avec insistance. Je cédais au petit jeune, il allait surement avoir ce qu'il
voulait, et moi je suis un éternel perfectionniste, je vais au bout de ce que
j'entreprends. Qu'il ne vienne pas me dire qu'il en a assez, je crois que je ne
le croirais pas.
Sa langue vint se mélanger avec la mienne et je tirais sur
la ceinture de son jean pour l'attirer contre moi. J'avais bien sur recouvert
son bas ventre avec du cellophane pour éviter toute infection.
Pendant que mes neurones dansent sur la
musique de la victoire, je prolonge le baiser, mettant ardeur et désir à ma
tâche. Son contact est comme un électrochoc, je sens des frissons me parcourir
l'échine. Une de mes mains vient se perdre sur sa nuque, l'autre se pose sur
son torse. Je peux sentir son cœur qui se démène sous mes doigts. Et cette
sensation provoque une légère contraction dans mon bas-ventre.
Sans que je sache pourquoi, je me trouve plaquer contre le
bureau derrière lui, monsieur maintenant debout et qui domine totalement la
situation. Ça me plait.
|Ellipse|
Je reprends mon souffle difficilement, mon cœur se
démenant contre mes côtes. L'heure qui vient de passer était formidable, et je
la grave dans ma mémoire comme étant la meilleure baise que j'ai pu avoir.
Toujours assis sur lui, je niche ma tête dans son cou, me délectant encore de
la sensation de l'avoir en moi, ne faire qu'un avec cette bombe presque trop
délicieuse. Je me mords la lèvre. Nos corps sont presque fondu l'un dans
l'autre, il n'y a plus aucune barrière. Et je trouve cela définitivement
merveilleux.
-T'es...Génial...
Je passe une main dans ses tresses, alors que lui ses
mains se perdent dans mon dos. Je sens ses lèvres se poser sur ma mâchoire, et
je dois réprimer mon frisson. C'est comme si mon cœur bondissait dans tous les
sens.
Je dois avouer que dans son genre il
est plutôt pas mal … Sans le montrer il m'a pourtant un peu épuisé et je
souffle doucement pour reprendre contenance. Je profite de l'avoir si près de
moi pour passer doucement mes lèvres dans son cou après avoir dévorer sa
mâchoire et sa bouche. Mes doigts effleurent le haut de son postérieur, son
dos, avant que je ne l'attrape sous les cuisses pour lui souffler quelques mots
à l'oreille. Je le porte contre mon corps nue, tout contre moi alors qu'il
s'accroche autour de mon cou.
-On va se coucher?
Je le regardais, insistant, voulant lui montrer que il ne
devait répondre que oui.
Ma tête s'est posé d'elle même sur son
épaule, alors que je tente toujours de respirer normalement. Le sommeil
commence à s'insinuer en moi, et je n'aurais même pas la force de le
contredire. Je ferme les yeux, tout en me laissant bercer par sa respiration à
lui.
- M'oui...
Ma voix est plus douce et rauque que tout à l'heure. Le
fait est que j'ai crié presque toute la durée de ce moment magique. Je pose mes
lèvres dans son cou alors qu'il m'amène je ne sais où. Ce n'est que lorsque mon
corps se pose sur une surface molle que je rouvre les yeux. Mon regard
rencontre le sien, et sans que je puisse m'en empêcher, je scelle en un baiser.
|Studio de |Genzo
Si j’avais su que la journée finirait ainsi…
Alors que nos langues dansent ensemble, avec plus de douceur que précédemment, je ne peux me retenir de passer mes bras autour de son cou. Je sens ses mains se poser sur mes flancs, caressant ma peau chaude et frissonnante. Alors que ses lèvres parcourent doucement mon cou, une idée de génie me passe par la tête. Enfin...Avant que je n'ai pu l'analyser, elle avait déjà franchie la barrière de mes lèvres.
- J'aimerais que tu m'appartiennes, autant que je
t'appartiendrais...
Il arrête tout mouvement, et je sens son regard essayé
d'accrocher au mien. Mes yeux s'écarquillent, et je ne peux m'empêcher de me
cacher le visage dans mes mains. Non mais quel con!
Je l'avouais, je n'avais pas l'habitude
d'embrasser ainsi mon partenaire, tout était doux, nouveau, assez inédit dans le
genre. J'avais eu des petits amis, mais les moments d'échanges d'affection de
ce genre je les évitais avec soins, peut être parce que j'étais défoncés
habituellement et que là non.
-Ça veut dire quoi ça? Ne pus-je
m'empêcher de demander alors qu'il coupait un moment de tendresse.
Je tentais d'enlever les mains de devant son visage ce que
j'arrivais à faire avec une facilité désespérante.
-Tu veux me mettre une laisse c'est ça?
Souhait-il m'enlever ma liberté de célibataire? L’idée me
plaisait moyennement tout d'un coup : je n'étais pas ici pour m'amouracher d'un
petit étudiant en mal d'histoire de cul.
Je fronce les sourcils. Non, ce n'est
pas mon intention de l'emprisonner dans une relation étouffante. Je n’ai pas
envie non plus de me demander où il est passé et avec qui. J'ai assez donné.
J'inspire longuement, avant de planter mon regard dans le
sien.
-Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Au
contraire, je n’ai pas envie d'être attaché à quelqu'un de cette manière. Juste
que...
Je soupire. Je sens un feu dévorant embraser mes joues. Ça
part bien.
- Juste que j'aimerais avoir plus d'un moment comme
cela, avec toi. Mais je ne te demande ni fidélité, ni amour. Je viens de sortir
d'une relation et je ne suis pas prêt à cela. Mais j'ai passé une merveilleuse
journée et j'aimerais bien que ça continue.
Je pose mes lèvres un quart de seconde sur sa mâchoire et
tente un sourire. Son visage est encore impassible, mais même tout à l'heure,
il l'était. Alors je ne m'en fais pas trop avec ça.
Mes doigts viennent caresser quelques
secondes ses joues rougeoyante de honte. Passant mes mains derrière sa tête je
lui retire ce bandeau qui cache une partie de son visage. Mes lèvres ne peuvent
s'empêcher de déposer deux baisers sur ces petites zones qui montrent sa gêne.
Je reviens ensuite embrasser sa bouche avec ferveur comme pour lui accorder ce
qu'il demande.
L'idée me semblait bonne, tout du moins acceptable, mais
pas nécessaire. Nous aurions put nous revoir sans créer entre nous une
quelconque relation de couple, même libre. Ce qu'il veut c'est du sexe, comme
je le pensais avant, il n'y a plus que ça qui motive les jeunes à présent.
Cependant cela me convient parfaitement, si je développais des sentiments pour
lui -ce qui semblait plus qu’improbable- cela se finirait mal, pour lui et pour
moi.
Ma langue titilla doucement son lobe d'oreille, après
avoir laisser un tracé brulant dans son cou. Puis je me décidais de lui
murmurer quelques mots, le faisant frémir.
- Cela me semble correct.
Je sens le feu qui dévorait mes joues
se propager jusqu'à mon ventre lorsqu'il prononce cette simple phrase. Je
m'étonne même de la douceur de sa voix, de ses gestes. Il est vraiment
imprévisible, ce mec. Peut-être c'est ce qui me fascine tant, chez lui.
Pour toute réponse, ma main vient se poser délicatement
sur sa nuque, et j'effleure ses lèvres des miennes, avant que ces-dernières ne
se transforment en un sourire. Je lutte vainement pour que mes yeux restent
ouverts, mais c'est peine perdu. Dommage. J'adorais contempler son visage.
Je sens de nouveau sa tête dans mon cou, et je ne peux que
sourire davantage. J'espère seulement qu'il n'a pas remarqué combien mon cœur
se débattait dans ma poitrine.
Je dépose un dernier baiser dans son cou avant de décider que mon moment tendre est terminé, il n'a déjà que trop duré. Mon corps tout entier se détache de lui pour aller s'installer du côté gauche du matelas. Je me mets dos à lui pour finalement me retourner de nouveau face à son visage. Ses yeux sont déjà fermés et je m'autorise à le contempler dans la pénombre. Des questions me viennent à l'esprit. Je m'interroge sur ce qui m'a poussé à coucher avec un gamin pareil. Il est mignon, certes, mais cela ne semble pas être un élément suffisant à mes yeux.
Je sens ma respiration s'apaiser, ainsi
que mon corps en entier. C'est comme si j'étais aspirer dans un gouffre profond
et sombre, mais je n'ai pas peur. Ce n'est pas désagréable, au fond. Je dors
d'un sommeil sans trouble, juste avec des flash de mon bon moment passé avec
mon nouveau collègue. Je me cale un peu plus sur ce qui doit être mon oreiller.
C'est maintenant que je réalise. Je suis chez lui, je dors
chez lui et en plus, près de lui. Seigneur. Faites que je ne tome pas amoureux!
Le réveil se fait sans encombre bien
que je suis obligée de faire le moins de bruit possible : je ne supporte pas
qu'on me réveille alors j'éviterais de le faire pour lui. Doucement j'ouvre l'unique
fenêtre de l'espace pour fumer mes 2 ou 3 cigarettes matinal. L'air frais
emplis la pièce dans un souffle agréable mais qui ne réveille pas mon jeune ami
qui a dormi dans une position plutôt étrange. Ses pieds sont actuellement fourrés
dans les coussin alors que son visage est tourné du côté où j'ai dormi, là où
ses jambes devraient être. Il est amusant dans son genre.
Je viens doucement caresser sa joue du bout des doigts, il
grogne légèrement avant de passer de la position fœtal à celle de l'étoile de
mer... Je ris légèrement pour venir embrasser ses lèvres dans un sens différent
de celui qui se fait habituellement : mon visage étant dans le sens opposé au
sien, mes yeux donnant directement sur ses merveilleuses clavicules.
Il réagit automatiquement à mon baiser et j'en viens à me
demander si il ne faisait pas sembler de dormir.
L'air frais et la lumière soudaine
autour de moi me tire de mon sommeil profond, alors que je me sentais
juste...Trop bien. C'était une sensation impossible à décrire tant elle était
bénéfique. Je grogne légèrement, ouvrant à peine un oeil et le refermant
aussitôt, lorsque je sens une source de chaleur caresser ma joue.
Je sens alors une douce pression sur mes lèvres, et
réalise aussitôt qu'il m'embrasse. Je me laisse porter au rythme langoureux du
baiser, happant ses lèvres, les mordillant même quelques fois. De nouveau, je
sens mon cœur battre à tout rompre, si bien que je sens déjà la couleur
écarlate s'emparer de mes joues.
Sérieusement. Je veux des réveils comme ça chaque matin!
J'embrassais un peu plus ses lèvres
avant de me rendre compte du geste trop tendre que j'apporte : ce n'est pas bon
tout ça. Je ponctue la fin de ce baiser par un petit bisous sur le haut de son
nez enfant découvert. On dirait un enfant il fronce les sourcils, visiblement
contrarié mais n'ouvre pas les yeux. J'écarte quelques mèches sur son front, et
je vois ses joues se couvrirent de rouge … Cette relation, je dois avouer que
j'en ai peur. Pourquoi un gosse s'intéresse-t-il à quelqu'un comme moi? Ah oui,
le sexe, j'oubliais.
- Bonjour, lui soufflais-je avant de retourner à la
fenêtre pour fumer une nouvelle cigarette.
Je fronce les sourcils, mais je ne veux
pas ouvrir les yeux tout de suite. La douceur de ses gestes me désarçonne,
lorsqu'il dégage mon visage de quelques mèches de cheveux. Je retiens un
sourire tendre.
- Bonjour !
Ma voix est remplie d'entrain. Et même si le baiser est
terminé, j'espère avoir des réveils comme cela pour le restant de mes jours. Je
papillonne des yeux, pour les habituer à la lumière puis pose mon regard sur
lui. De l'angle où je suis, je le vois de côté. La lumière du soleil éclaire
partiellement son visage, ce qui fait étinceler ses yeux. Il est beau.
Je resterais ici longtemps, à le contempler. Mais...Est-ce
que je travailler, aujourd'hui.
- Dis, tu travailles ce matin?
Sa bonne humeur n'est malheureusement
pas communicative et je continue d'afficher un visage impassible tout en tirant
sur ma cigarette. Je contemple les passants, la rue commence à peine à se
remplir, quelques marchants ambulant étalent leur étales improvisés. Je repère
quelques bijoux de loin sur celles ci. J'irais y faire un tour …
-On est dimanche, lui rappelai je.
Je jetais un regard vers lui. Il était assis dans les
draps blanc, légèrement décoiffé, me dévisageant avec des yeux pétillants. Je
supposais que ce n'était aucunement en rapport avec notre relation naissante,
mais plutôt à cause de ce réveil tardif.
-Si tu veux partir te gêne pas, lui signalais je.
Je hoche la tête, me passant une main
dans les cheveux, avant de fixer les draps. D'une part, je n’ai pas envie de
partir, mais si il me le propose, c'est qu'il doit vouloir que j'en fasse
ainsi, n'est-ce pas? Je relève le regard vers lui, sentant ses iris me chauffer
la peau. Nous nous regardons un instant dans les yeux, avant que je détourne la
tête.
- Eh bien, si tu veux que je m'en aille...
Je fis un large geste de la main en haussant les épaules.
Déjà que j'ai dormi ici, je ne voudrais pas lui imposer ma présence plus que le
nécessaire. Mais bien sûr, moi je voudrai rester.
Je fronce les sourcils. Je n'aime pas
qu'on se mette en victime lorsque ce n'est pas le cas. Alors qu'il se lève pour
aller se rhabiller, je le rattrape par le bras.
-Arrête de faire comme si je te mettais à la porte.
Je plonge mon regard dans le sien pour lui montrer que je
ne veux pas vraiment qu'il s'en aille, que c'était juste une suggestion.
-Tu es jeune tu as plein de chose à faire, surement pour
tes études, je ne veux pas t'ennuyer en t'enfermant ici.
Je me demandais pourquoi je me justifiais, peut être parce
qu'il ne serait pas revenu si je ne m'excusais pas.
Je ne peux m'empêcher de sourire
lorsqu'il me retient pour partir. Je décèle dans son regard...En fait, je ne
sais pas. Je ne sais rien de lui, et je crois que c'est ce qui rend son être si
fascinant. J'abandonne donc le mouvement amorcé en riant légèrement. Mais je me
tais aussitôt que je vois son expression faciale changée. Je ne veux pas qu'il
croit que je ris de sa gueule, quand même!
Mon rire se mue en un léger sourire.
- Non, je n'ai pas grand chose à faire,
aujourd'hui...Et tu ne m'ennuies pas. Par contre, toi, je ne veux pas
t'ennuyer...
Je baisse légèrement la tête, rompant le contact de nos
regards. Je crois qu'il me perturbe.
J'attrape son visage entre mes doigts
pour le lui faire relever. Je ne supporte pas qu'on fuit mes yeux. Au fond de
moi je sens que cette relation va être compliquée, plus qu'il n'y paraît. Moi
qui suis tellement impassible et lui tellement émotif, comment voulez vous que
cela fonctionne? Je doute en quelques secondes sur cette relation basé sur une
simple attirance sexuel.
Soudainement je me mets à regretter d'avoir céder. Je
n'aime pas ça, je n'aime pas la situation et dans un geste totalement
inconscient mes lèvres frôlent les siennes avant de s'unir avec hargne aux
siennes.
Je reste surpris pendant quelques instants,
lorsqu'il mélange tendresse et haine au baiser. Tout était violent, saccadé,
mais étincelant d'une douceur infinie. Vraiment, ce mec est instable. Je crois
qu'il ne se comprend pas comme il le voudrait ou je ne sais quoi. Peut-être
doute-t-il de moi, qui sais?
Malgré mes réflexions, mes mains viennent encadrer son
visage, et je lui transmets mes émotions par ses lèvres. Sa peau est douce sous
mes doigts et je me risque même à glisser ces-derniers dans ses tresses. De
nouveau, je sens mon cœur se démener.
Pas croyable. J'ai 18 ans et je suis cardiaque.
Je défaille devant lui, c'est
insupportable, mes mains tremblent, je crois que je suis en manque. Pas en
manque de lui, en manque de ça, en manque de cette merde, et c'est de sa faute.
Pour éviter d'y penser j'active une peu plus mes lèvres et emprisonne ses
adorables fesses dans mes mains sans aucune délicatesse. Ma bouche s'acharne,
mord, lèche, embrasse, dévore. Je suis avide de lui pour ne pas être avide de
la drogue.
Malgré ce chaos intérieur, mon visage est un masque de
froideur absolu. Mes ongles griffent le haut de ses cuisses, le bas de son
postérieur. Je regrette de me laisser embarquer la dedans.
Je sens les muscles de ses bras se
tendre, alors que je passe mes mains dessus, pour finir sur ses hanches. J'ai
l'impression que nous sommes l'eau et le feu. J'ai plus l'impression que nous
nous combattons au lieu de nous embrasser. Je ne peux pas dire que c'est
désagréable, mais je peux sentir les sentiments incohérents et violents qu'il y
met. Tout ça est déstabilisant.
Quelques secondes plus tard, je me retrouve de nouveau sur
son lit, en dessous de son corps de rêves. Je sens ses ongles courts s'enfoncer
dans ma chair, alors que j'échappe un gémissement à la fois de plaisir et de
douleur.
Ce mec me tuera.
Encore une fois pour oublier ma
dépendance je vais souiller son corps de manière immonde, peut être la plus
immonde qui soit ... Je n'ai qu'à faire comme d'habitude. Même si cela me
dégoute, je suis partagé entre mon envie de lui et ma dépendance. Mes mains
viennent rabattre ses jambes et je sais ce qu'il va se passer, cela va encore
être une belle partie de jambe en l'air ...
|Ellipse|
Mes dernières forces m'abandonnent. Je tombe sur lui, il
s'est déjà étalé sur le matelas. Nos corps essoufflés bougent au même rythme.
Pour le moment, je suis repu par mon désir sexuel. Les draps sont salis,
mouillés, souillés, par la sueur et le reste. Ma langue vient chatouiller son
cou, remontant jusqu'à son oreille pour happer le lobe de celle ci. Je me décale
pour me laisser reposer sur la couverture. Ma main sert sa hanche.
Je songe à m'excuser de cette intrusion en lui rapide,
soudaine, rapide, violente, sans aucune délicatesse, mais s’il ne se met pas à
pleurer ou à se plaindre, je ne vois pas pourquoi je le ferais.
Ma cage thoracique se soulève par a
coups bestiaux, je sens un liquide épais couler entre mes fesses. Je ne saurais
dire si j'ai apprécier pleinement me faire "prendre comme une
chienne" ainsi. J'ai la tête vide, je ne ressens plus que la douleur
dans tout mon corps. C'est qu'il peut être passionné parfois!
Je me lève difficilement pour me rendre à la salle de
bain, et je l'entends me suivre. Rendu dans la pièce, j'ouvre la douche et me
glisse sous le jet d'eau. L'eau rafraîchis mon corps meurtri et griffé, fait
tarir le sang de mon intimité. Dos à la porte, je l'entends s'ouvrir et je sens
deux bras qui m'entourent, puis sa présence au grand complet.
-Re bonjour !
Quand je le vois se lever je fronce les
sourcils, contrarié. Il a l'air de se trainer un peu. Je le suis mais ce n'est
que pour éviter une quelconque chute. La buée rempli l'espace et j'observe mon
amant se laver. Quand je vois son corps ainsi abimer ça me fait un peu peur, je
suis effrayé par moi même et par ce que je fais.
Alors que je viens me coller à lui pour m'excuser sa voix
semble bien enjoué. Mes lèvres reviennent se poser dans son cou et j'aime
soudainement la chaleur de sa peau mêlée à celle de l'eau.
- Je suis désolée. Je t'ai fais mal.
J'embrasse par petit baiser les traces sur sa peau... Je
n'aurais pas voulu être aussi violent.
Je baisse la tête, lui donnant accès à
ma nuque. J'en profite pour examiner les dégâts. À mes pieds, l'eau forme un
traînée rougeâtre. J'ai la trace de ses doigts sur mes hanches, quelques
morsures sur le ventre et sur le torse. Mes jambes sont molles, j'ai
l'impression de ne plus avoir d'énergie. Je viens de me réveiller, et je n'ai
qu'envie de dormir.
Je secoue la tête, et me retourne vers lui lorsque
j'entends sa voix rauque. Je plonge mon regard dans ses iris, et y décèle de la
désolation. Je pose ma main sur ses yeux, et lui dis dans un souffle:
-Ne le sois pas. C'était super.
J'embrasse ses lèvres, et me recule légèrement.
"C'était super"? Je suis
contrarié. Il saigne et il ose me dire que c'était "super". J'ai une
grimace pour désapprouver ses dires. J'y suis allé un peu trop fort.
-Tu as mal. Ce n'était pas super.
Si la douleur a pris le dessus sur le plaisir ça ne sert
plus a rien. Je sors de la douche, pressé, j'attrape une serviette au passage
pour essuyer rapidement mon corps. Puis, sans la moindre hésitation, je me
dirige vers la table de nuit, la ou est planqué mon matériel. Là j'ai besoin
d'une injection. Je respire mal, j'attrape a la va vite une seringue propre
pour m'injecter le produit préparé. Je respire, je souffle que c'est bon...
Je retire l'horrible instrument le balance sur le sol
avant de basculer ma tête en arrière sur le draps. J'apprécie la sensation du
liquide me brulant les veines.
Je le suis, ayant déceler un changement
d'ambiance dans la pièce. Après avoir pris une serviette, je reste dans le
cadre de porte, et l'observe. Et je ne peux me retenir d'être choqué. Soudain,
devant mes yeux, j'ai l'impression de revoir Yui à 13 ans, lorsqu'elle était
dans sa phase héroïne. Mes yeux s'embuent.
Je me laisse glisser contre le mur, secouant la tête pour
m'enlever cette image. Tout s'est éteint. Et la magie, et la tendresse.
Pourquoi fallait que je tombe sur un drogué, aussi?
Je soupire et ramène mes jambes contre moi. Je le regarde
savourer sa merde, avec toute la désolation du monde. Super!
Je me lève, et décide de descendre dans le salon pour
retrouver mes vêtements de la veille. Je sais que de toute manière, il ne le
saura pas. Je descends donc, et me rends en arrière dans le bureau, où mes
vêtements sont éparpillés sur le sol. Je ramasse le tout et les enfile, puis
m'attèle à désinfecter le fauteuil. Je ramasse les vêtements de mon collègue,
fais le ménage des bureaux. Tout pour ne pas penser.
Lorsque je remonte là-haut, avec ses vêtements dans les
mains, je le trouve dans la même position que précédemment. Il relève la tête
vers moi, alors que je jette ses vêtements sur son lit. Il semble moins geler
Ma tête capte sa présence mais je ne
bouge pas. Je n'y arrive pas, je suis commandé par la drogue. Je ferme les
yeux, je n'analyse rien et je me demande comment j'arrive même à penser "Merde
il m'a vu ...". Dans un élan encore plus pathétique je tente de
refermer le tiroir, je le fais. De longue minute s'écoule ensuite mais la
sensation est immense et elles défilent comme de longues heures.
C'est quand j'entends la porte claqué qu'enfin mon cerveau
commence à reprendre un rythme plus ou moins normal : je suis encore dans un
état second mais au moins je réagis. Je me relève pour lui faire face.
- Approche.
Il ne bouge pas.
- Approche, exigeais-je en parlant un peu plus
fort.
Son ton de voix est sec, mais je m'approche tout de même. Je ne sais pas ce qui peut lui passer par la tête en ce moment et sérieusement, je préfère ne rien savoir. Lorsque j'arrive à sa hauteur, je sens ses yeux me parcourir sans aucune gène, ce qui m'arrache des frissons. Mon corps est toujours douloureux, et j'ai peine à rester debout longtemps. Mes pensées se combattent, j'ai envie de rester autant que je veux partir. Je soupire et j'attends qu'il ne parle ou fasse un geste quelconque. Pourquoi voulait-il que je m'approche?
J'attrape ses avant bras au niveau des
coudes, et je viens poser mes lèvres sur son front. Je les laisse un moment,
respirant son parfum. Je plane, mais qu'est ce qu'il sent bon...
- Merci, soufflai je.
Merci de n'avoir rien dis, merci d'avoir fais comme si je
n'étais pas entrain de me shooter devant tes yeux. Je desserre mon emprise sur
ses bras et me recule d'un pas. Je le contemple. Je me dis qu'il va partir...
Je fronce les sourcils un instant, ne
sachant pas trop ce qu'il va faire. Et lorsque je sens la douceur de ses lèvres
sur mon front, je me détends. Je passe une main sur son épaule, et penche la
tête légèrement sur le côté. Il est beau, je ne le penserai jamais assez. Mais
le voir ainsi me peine énormément.
-Tu...Veux que je parte ou tu veux faire quelque chose
aujourd'hui?
Je baisse les yeux un quart de secondes, avant de les
planter directement dans son regard aux pupilles dilatées. J'aimerais apprendre
à le connaître.
Je ferme les yeux et puis me laisse
retomber sur le lit.
-Je crois que j'ai besoin de rester seul, avouais-je
à mi-mot.
Ce n'était pas que je ne voulais pas passer un peu de
temps avec lui, c'était juste que j'étais défoncé et que j'avais besoin de
réaliser à quel point mon état était pitoyable, au point que je ne me suis
toujours pas habillé.
-Va t'amuser.
Va coucher avec n'importe qui sauf un drogué dépravé et
plus âgé que toi.
J'inspire longuement et hoche la tête, jetant
un dernier coup d'oeil à son corps de dieu. Je ne peux réprimer un sourire
désolé et un léger pincement au cœur dans ma poitrine. Puis, me retournant, je
grave les lieux et les moments dans ma mémoire, comme par peur que se soit la
dernière fois que je mets les pieds ici. Il est très instable, et j'avoue qu'il
me donne du mal à le comprendre. Je tourne la tête une dernière fois, son
regard butte contre le mien.
- Au revoir, Genzo.
J'ouvre la porte d'entrée, sors et la ferme discrètement
derrière moi. Je n'ai même pas pris la peine d'attendre sa réponse. Je ne veux
plus penser à rien, ce que je veux c'est m'amuser.
SEPTEMBRE
|Terrain de sport de l’ |Université
Sportifs ?
Mon corps transpirant se tendait, se
dépliait, s'étirait. Il pratiquait ce sport que je n'avais pas fais depuis
longtemps : le basket-ball. Mon torse dépourvu de T-shirt ruisselait sous le
soleil de plomb et sous l'exercice. Chacun de mes shoots entraient avec
perfection dans le cercle, je récupérais la balle et recommençais. Je ne me
souciais pas d'où j'étais, même si je n'étais pas censé m'introduire dans ce
genre d'endroit, cependant c'était intéressant de découvrir l'université. Mes
lancés entraient tout seule, mes muscles se mouvant à la perfection, mes
longues tresses fouettant mes flans à chaque mouvements.
Ma respiration était un peu essoufflée, comme pendant le
début d'un rapport charnel, et je me délectais de cette sensation, preuve que
j'étais encore en parfaite forme physique. Sentant que je ne tenais plus
vraiment, je laissais le ballon passé une dernière fois le panier avant qu'il
ne se perde et roule sur le goudron. J'appuyais mes mains sur mes genoux,
déposant mon postérieur sur le sol. Je tâtonnais à peine pour trouver la
serviette, la bouteille et mon débardeur, tout ça ensemble, posés à quelques
centimètres de moi. Je vidais le contenue du récipient sur moi tellement je
mourrais de chaud.
Je ne comprends pas vraiment les
raisons qui m'ont amenés jusqu'ici. Peut-être que je voulais me prouver à
moi-même que, malgré le choc toujours présent, je reste tout de même un humain
avec des capacités physiques. Je ne peux pas rester pendant des jours à pleurer
sous ma couette. Il faut réussir à se relever. Il ne faut plus y penser. Mais
il ne faut pas oublier.
Et c'est après seulement deux tours de pistes que je
m'arrête, complètement essoufflé. Pour cesser de réfléchir, c'est le sport qui
m'aide. Néanmoins celui que j'ai toujours pratiqué est en suspens. Alors, j'ai
décidé d'aller au stade. Je pensais qu'un peu de course ne pourrait pas me
faire de mal. J'avais visiblement tord. Les points de côtés, jusqu'à preuve du
contraire, ça fait mal. Et alors que je tente de reprendre mon souffle en
presque agonie, penché sur mes genoux, je vois un ballon rouler sous mes yeux,
juste à mes pieds.
Je lève la tête, et remarque alors un homme au terrain de
basket, à quelques pas. Je n'avais même pas remarqué qu'il y avait quelqu'un
d'autre. Ce qui me frappe d'abord sont ces longues tresses mouvantes,
hypnotiseuses, qui meuvent en même temps que ses gestes. Puis son corps
parfaitement musclé, qui luit au soleil, suite certainement à l'effort qui a
fourni. En vérité, je ne pense pas qu'il soit de l'université... Simplement à
cause de ses nombreux tatouages qui recouvrent la totalité de ses bras, et plus
encore. Je m'en serai souvenu de ce "détail" il me semble.
Mon regard se baisse à nouveau vers le ballon, qui, je
suppose, est le sien. Je ne cache pas ma faible grimace. En vérité, même si cet
homme semble vraiment intéressant, je n'ai pas envie d'aller le voir pour lui
redonner la balle. C'est encore trop tôt... Je le sens au fond de moi.
Néanmoins, il ne va peut-être pas me sauter dessus. Et puis c'est par pure politesse.
Je ramasse aussitôt l'objet et m'avance vers le terrain de basket. Je le
dérange alors qu'il semble vouloir vider sa bouteille d'eau en une gorgée.
_ Tu...Tiens.
Quelle confiance en soi extraordinaire... Je lui tends le
ballon en ne pouvant m'empêcher mes yeux de se balader sur ses tatouages.
Bien que piégé par la présence de
l'inconnu, je laissais mon regard se poser sur lui. Je n'étais pas sensé me
trouver ici, mais ça ne semblait pas le déranger plus que ça. J'attrapais la
balle, ne le touchant pas, évitant tout contact. Ce mec suait autant que moi et
osait demander si je tenais. Je devrais peut être lui retourner la question.
Ses cheveux noirs collent à son front, sa peau brille
légèrement, et allait savoir pourquoi je trouvais sa sueur sexy...
-Merci, ça va.
Je le remercie à la fois de m'avoir ramené mon ballon, et
à la fois de se préoccuper de mon état. Je tente de détailler, en essayant
d'être le moins malpoli possible, la personne qui me fait fasse et me surplombe
: brun, grand, fin, à peine musclé, androgyne, tatouée. C'est tout ce qui me
vient à l'esprit pour l'instant.
-Tu veux de l'eau?
Je tendis ma bouteille, quoi que celle ci était à moitié
vide et que par conséquence je n'étais pas sure qu'elle serve à grand chose.
Évidemment qu'il va bien, il a l'air de
faire ça tous les jours. Ou son torse est musclé de cette manière
naturellement, ce qui est très improbable. Mais une fois en face de lui, je
remarque qu'il est plus grand que moi. L'hypothèse que ce soit un élève
d'Hanachi devient de plus en plus invraisemblable. Tout autant que le fait
qu'il soit un prof, ou un membre de l'administration : ses tatouages auraient
tout de suite été mal vus.
Lorsqu'il me propose sa bouteille, je me demande s'il a
entendu le faible grésillement de mon souffle dû à ma gorge sèche. J'accepte
alors et lui laisse tout de même un peu d'eau.
Une part de moi me crie de m'en aller, un sentiment
coupable me prenant tout à coup. Mais de l'autre, je trouve cette situation
encourageante. C'est donc en totale contradiction avec moi-même que je lui
demande :
_ Le terrain de basket est-il le meilleur pour que tu
viennes ici ? Je me doute bien que tu n'es pas étudiant, je te connaîtrais
sinon.
Malgré le petit passage où je ne fréquentais plus
tellement l'université, un mec comme lui, je m'en serais aperçu. Néanmoins, il
fait bien ce qu'il veut.
_ Ou peut-être que c'est pour les étudiantes...
Ce qui, au fond, ne m'étonnerait qu'à moitié.
Me relevant je récupère la bouteille
que je vide dans ma main pour étaler le liquide sur ma nuque et mes épaules
brulante à cause du soleil. Il n'en restait plus une goutte à présent et je
soupirais de contentement pour en revenir à ses questions.
-Je n'ai pas trouvé de terrain ailleurs puis de toute
manière personne ne les utilise, alors que moi je le fasse ce n'est pas
vraiment un problème.
J'étais libre de le faire, personne ne m'avait encore viré
d'ici puisque personne ne m'avait encore vu entrain de frauder, jusqu'à présent
…
-Les étudiantes naïves, stupides et niaises ne
m'intéressent pas.
Bien sur que non, je préfère les étudiants perfides,
pervertis jusqu'à l'os, et surtout mignon, adorable au point que j'ai envie de
les martyriser. Je lui tendis de nouveau la balle pour lui proposer une partie.
-Tu joues contre moi?
La scène qu'il m'offre n'a pas vraiment
nom. Magnifique, gracieux, éclatant... Que des mots à connotations trop douces.
Il rayonne devant moi, son corps trempé étincelant au soleil. Cet inconnu émane
une aura exaltante, qui me frappe de plein fouet. Et malgré le remord qui me
submerge, je ne peux refréner l'admiration qui monte en moi.
Sa franchise n'a rien de dur. Même malgré sa voix
légèrement rocailleuse. Elle est profonde, intense. Je manque presque d'ouvrir
une grande bouche bée face à l'individu qui se tient devant moi.
Désormais le simple combat dans ma tête se transforme en
véritable bataille. La déchirure s'agrandit, prête à m'emporter dans les
abysses en m'assaillant de souvenirs douloureux, me détruisant de remords. D'un
autre côté, une présence neutre, qui ne connait rien de ma vie, me réchauffe le
cœur et m'encourage. Et je suis persuadé, qu'avec un certain temps, je finirai
par oublier ce qui me tracasse l'espace d'un instant, vivre à nouveau. C'est
pourquoi, je ne refuse pas. Je retire mon T-shirt pour espérer faire baisser un
peu ma chaleur corporelle, et laisse le tissu sur le sol. Ce n'est pas dans mes
habitudes de faire tomber le haut en dehors des ébats, néanmoins je sens que je
vais fondre si je ne le fais pas.
_ Simplement si tu acceptes de jouer avec un étudiant
naïf, stupide et niais !
J'attrape la balle qu'il me tend mais me laisse pencher en
avant, mon souffle n'étant pas encore tout à fait revenu. En vérité, cela fait
plusieurs années que je ne pas fais de basketball, et il va me laminer. Je me
donne simplement la chance de pouvoir penser à autre chose qu'à.... l'homme
dont je ne veux même pas penser le nom.
_ C'est beaucoup plus dur que le sport de chambre,
murmurais-je.
Je m'étonne parler comme... l'"ancien" Kura,
comme s'il n'avait jamais existé. Un autre vague de regret me revient
dans la gueule, mais je décide de ne rien laisser paraitre, et lève le regard
vers le sien.
Alors qu'il retire son haut je ne peux
m'empêcher de regarder son torse où se dessinent des tatouages, encore
d'autres. Décidément, la chaire fraiche a une bien meilleure apparence que les
gens de mon âge. J'échappe un sourire quand je l'entends se décrire ainsi. Ce
n'est pas l'impression qu'il donne en apparence.
-Ça va aller gamin? Tu sembles déjà mort.
Je plaisantais mais il semblait vraiment épuisé. Sa
remarque me donne un rictus amusé. Qu'est ce que c'est que ce mec? Une sorte
d'égérie de l'université? Il m'amuse.
-Tout dépend avec qui tu le pratiques, où et quand...
soufflais je à mon tour. Mais on n’est pas là pour parler n'est ce pas? Je te
laisse la balle en premier.
Un peu de fairplay de toute manière je la lui reprendrais
très vite. Cela semble simple et en plus il est plus fatigué que moi. Pourquoi
un vieux tel que ma personne semble plus en forme que lui?
-Essaye donc de me marquer un panier.
Je recule en direction du milieu de terrain en lui faisant
signe d'approcher. Allez mon garçon, voyons ce que tu sais faire.
Lorsqu'il entre dans le terrain, ses
tresses se secouant vivement contre sa peau, un vague de courage monte en moi.
Peut-être à cause de son énergie qui me semble inépuisable, ou encore mon
esprit de compétition. Je me souviens qu'au lycée, j'étais un des meilleurs en
sport. Néanmoins cela remonte déjà à quelques temps. Pour preuve, je suis mort
après deux tours de piste, pitoyable. Je me redresse quand même.
_ Yosh !, m'écriais-je.
J'ai conscience que je n'ai pas une seule chance, et je
suis sûr que, d'un bras, il arriverait à me soulever, et de l'autre marquer un
panier. Mais je veux quand même y croire. Je veux passer un bon moment, pendant
lequel j'oublierai tout. Et c'est ce monsieur anonyme et plus âgé qui va m'y
aider.
Je fais quelques dribbles sur place, simplement pour
reprendre un peu l'habitude. Je ne lâche pas son regard, puis enfin m'élance
sur le bitume, et tente de l'esquiver par sa droite, après un face à face
énergique. Et comme je le pensais, la balle rebondit contre sa main, alors que
je tente de la lui reprendre.
C'était trop facile et maintenant c'est
à son tour de venir me récupérer le ballon. J'aimerais dire que je ne mets pas
beaucoup d'effort à la tache mais c'est tout le contraire, il est acharné, il
essaye de l'avoir comme si il courait après autre chose. Je sais qu'il me suit
du regard et qu'il va se battre pour récupérer le ballon, mais déjà mes bras se
tendent pour aller mettre l'objet rond dans le cercle.
J'attrape aussitôt la balle pour la lui balancé.
-Allez encore une fois. C'était trop simple. Bas toi.
Je n'avais pas besoin de jouer contre un faible, ce qu'il
n'était pas j'en suis certain. Ce n'était pas tout ce qu'il savait faire, j'en
étais sure. Je passe dans son dos et me colle à lui pour le faire réagir. Bon
sang, feinte garçon !
Je jette un regard blasé à la scène
devant moi : avec une grande facilité, il a défendu sa prise et s'est élancé
dans les airs, faisant saillir ses muscles fins, et a marqué un panier. Mon
esprit de compétition s'enflamme. Je suis maigrichon, plus petit, et décidément
moins entrainé. Mais je suis courageux. J'attrape la balle, en écoutant son
sarcasme, qui ne fait qu'empirer ma rage de réussir. Lorsqu'il se glisse dans
mon dos, sa chaleur recouvre ma peau, son souffle chaud et intense s'échoue sur
ma nuque, et toute sa présence envahit mon esprit. Bon d'accord... Je ne
m’attendais pas à cette sensation.
Je ne me laisse pas déstabiliser plus longtemps, augmente
le rythme de mes dribbles, puis fait rapidement mine de partir vers la droite
avant de m'élancer dans toute ma vitesse vers la gauche. J'écoute ses pas de
course derrière moi... Mais à mon tour je saute, et du poignet, envoie la balle
dans le panier. J'atterris agilement sur mes pieds dans un essoufflement.
J'ouvre des soucoupes à la place des yeux et me retourne
vers lui.
_ J'ai... réussi là ?....
Malgré ce que je viens de voir, j'ai du mal à le croire.
Moui.... Il a réussit à m'enrager suffisamment pour que je délivre assez
d'énergie. Mais ça ne va pas durer... Je suis sûr qu'il n'est même pas à fond.
Le ballon tourne sur le cercle avant de
ressortir et j'explose de rire. Il n'a décidément pas de chance. J'attrape la
balle et la lui relance. Il peut faire mieux, j'en suis convaincu.
-Tu vas y arriver, ce n'est pas compliqué.
J'avoue être déstabilisé par sa dextérité et par son
agilité. Cela promettait d'être amusant. J'étais épuisé, essoufflé, et ça
commençait à peine.
-Encore une fois.
Il recula derrière la ligne médiane, et je me postais,
près à riposter. Il était tendu, déterminé, il allait y arriver s’il continuait
avec cette attitude. Le combat commença. Nous nous affrontions tels deux
fauves, personne n'avait l'air de vouloir s'avouer vaincu, il en marquait un,
j'en marquais un autre, cependant je menais toujours d'un point car il avait
raté son premier tire. Nous commencions tous les deux à épuiser nos forces, on
approchait du point de rupture et je pouvais jurer que c'était surement moi qui
allais céder en premier, ce que je fis quelques secondes après lui avoir
redonné la balle. Je posais mon postérieur sur le sol, mort, et je me mis à
éclater de rire d'avoir fais autant d'effort et de l'avoir vu se démener ainsi.
Le fait d'avoir été si proche du but
m'a enflammé. Le ballon a décidé d'être un vrai sadique. Néanmoins, j'arrive à
tenir la cadence, oubliant même jusqu'à mon souffle. J'écoule toute mon
énergie, entrant dans une transe inhabitée depuis un certain temps déjà. Les
attaques s'enchainent, et je me sens un peu plus fort à chacune d'entre elles.
Le temps me file entre les doigts, j'en suis sûr. Mais cela fait tellement
longtemps que je n'ai pas eu d’activité physique si intense, et que quelque
part, je m'amuse. J'ai la nostalgie du lycée. Mais tout est très différent.
Et lorsqu'il se laisse tomber sur le sol, je prends
conscience qu'au final, je suis tout autant crevé. Je laisse le ballon sur le
sol, et m'assois face à lui, à bout de souffle. J'ai terriblement chaud, et il
n'y a pas un nuage à l'horizon pour remédier à ça. Je pose mes doigts sur le
goudron derrière moi et rejette la tête en arrière, laissant mon souffle
presque agonisant tenter de reprendre un rythme régulier. Je sens les gouttes
de sueur couler de mes tempes jusqu'à mon cou. Ma tête tourne légèrement.
_ Qu'est-ce que ça fait du bien...
Je regarde cette pose empreinte de
charisme avec une certaine envie. Sa nuque blanche où colle ses cheveux est
parsemé de fines gouttelettes signes du sport que nous avons pratiqué sans
relâche. Je souffle à mon tour ramenant mes jambes pour m'assoir en tailleur
puis j'essayais d'étirer mon dos au maximum en allongeant les bras vers
l'avant.
-Éreintant. Tu es plutôt bon …
Je n'avais plus d'eau et le soleil tapait trop fort, ça
donnait envie d'aller se jeter nue dans n'importe quelle étendu de flotte pour
soulager cette chaleur qui brulait ma peau. C'était envisageable : la piscine?
A cette heure là elle devait être pleine de pauvre mec et de pétasses refaisant
leur bronzage. Les étudiants n'étaient plus ce qu'ils étaient ...
La plage peut être ... un endroit plus isolé que les
autres avec un lagon aux couleurs turquoises ...
La vie semble quitter mon corps.
J'oubliais presque à quel point ce genre de sport est crevant. Cela me rappelle
qu'il faut vraiment que je m'y remette. Et je dois avouer, que si ce délinquant
même pas étudiant qui squatte le terrain de basket et qui m'encourage sans
cesse revient régulièrement, j'aimerai commencer mon entrainement avec lui. Un
coach gratuit comme lui, je ne dis pas non.
_ Je ne dirais pas "bon", mais plutôt
persévérant. Tu sais susciter mon esprit de compétition...
Et un autre, que je ne pensais pas redécouvrir de si tôt.
C'est vrai, à cet instant, je suis bien... Je suis posé, presque calme, et
aucune pensée noire ne vient gâcher ça. Je découvre à nouveau le goût de la
vie. J'apprécie vraiment. Je ramène à nouveau la tête vers lui, mon souffle se
stabilisant.
_ N'empêche que si on reste là, en plein soleil, on va
certainement fondre.
Je n'ai pas vraiment d'idée... Je suppose que les douches
des vestiaires n'est probablement pas une bonne idée. En vérité, il n'a
strictement rien à faire ici, autant qu'il ne se croit pas trop chez lui non
plus. Même si quelque part, je ne m'en plaindrais pas.
_ Et... Sans faire remarquer qu'on a sauté une étape :
moi c'est Kuragari.
Avec de la chance, il s'en souviendra.
Je me sentais fier de pouvoir
provoquer en quelqu'un l'envie de se battre, ce n'était pas tous les jours que
cela arrivait. Je soufflais péniblement en pensant que la vieillesse était un
lourd fardeau qui jusqu'à présent ne m'avait pas tellement embêté. Tentant de
reprendre mes esprits et ma respiration je le regardais en faire de même.
Cependant je pris la peine de me relever pour lui tendre une main en guise
d'aide pour en faire de même.
-Je connais un endroit isoler du côté de la plage, on
peut aller si rafraichir si ça te tente... Et moi c'est Genzo...
Je tentais un sourire franc, sans être sure qu'il soit
convainquant.
Tout à coup, tout se mit sur "pause" dans mon
monde. Cette scène a pour moi rien de commun. Elle a aussi une toute
autre signification. Un tourbillon d'émotions se met à tournoyer en moi.
Cette main tendue vers moi...
Étant enfant, j'ai toujours voulu que
quelqu'un m'aide. Et le seul soutient que j'ai eu fut des membres de ma
famille que je n'ai jamais vu, qui ont eu pitié de moi et ont débourser
des millions de yens sur mon compte bancaire. Néanmoins cet argent ne
m'a jamais aidé à avoir la force de subir mon père. Jamais personne ne
m'a aidé.
Et puis... A cet instant. Dans cette situation. Lorsque je
me sens si seul, bien qu'entouré... Abandonné bien que je viens de
renouer les liens qui m'avaient séparé de mes amis... Et humilié, bien
que l'université me voue une nouvelle, cette admiration. Tout simple
que... Ryû m'a soudainement jeté après plus de six mois passés ensemble,
à vivre pratiquement constamment à côté. Et... Cet homme m'offre son
aide. Après un mois et trois semaines à pleurer sans cesse, il apparait.
Je me fais certainement des idées. Néanmoins c'est la scène que j'ai
toujours voulu voir.
Genzo... Sais-tu que c'est presque illégal d'être aussi... divin ?
Après
plusieurs secondes de silence, je daigne enfin à sourire et attrape sa
main. Je me hisse sur mes pieds, en me délectant de la chaleur de cette
main.
_ Oui, ça me tente bien la plage, dis-je doucement.
Le
changement de comportement ne peut être que bluffant. Néanmoins, je ne
ressens pas ce besoin inconditionnel de placer une réplique stupide,
d'un ton niais.
-Tant mieux ! Laissai-je échappé
ravis de pouvoir encore passer quelques instants avec lui.
Ce petit n'allait pas bien. Est ce que c'était mon instant
de sauveur sortis tout droit d'un autre monde qui me disait ça ou bien me
trompais je sur ce point? Je soupirais, ramenant mes points sur mes hanches.
J'arquais un sourcil pour savoir si il serait près et qu'il tiendrait le choc
de marcher. Apparemment il semblait en bon état de fonctionnement. Bien huilé
et bien roulé le sale mioche, il en serait presque intéressant, mais coucher
avec les étudiants ça serait presque illégal vu mon âge. Je savais que dans ce
pays de tordu des collégiennes couchaient avec des vieux de 50 ans pour avoir
de l'argent de poche, et j'espérais ne jamais tomber dans le genre pédophile.
-Let's Go Boy, lâchait je avant d'avancer vers la
sortie, laissant le ballon qui ne m'appartenait pas mais récupérant t-shirt et
bouteille.
Il me suivrait j'en étais sur. Je balançais mon étui vide
dans une corbeille et partie en direction de notre destination.
|La |Plage
Des espoirs
Je ne pensais pas la plage si près de
l'université. En même je ne me souviens pas de la dernière fois que j'y suis
allé. Peut-être ais-je dû y aller faire un tour pour regarder les larves sur le
sable. Néanmoins, le fait qu'il sache où l'on pourrait être tranquille me
ravit. N'importe qui d'autre pourrait être tétanisé, et avoir refusé
l'invitation de cet homme... cet inconnu. Mais je prends le signe de tout à
l'heure très au sérieux.
L'étendue granuleuse et scintillante s'étend devant nous,
dévorée par les vagues d'écumes. Le souffle marin est doux. J'esquisse un large
sourire. Je meurs toujours de chaud. Et la vue de cette eau manque de me faire
saliver. J'ai une envie irrémédiable de me jeter, nu, dans les vagues, au
risque de choquer quelques passants perdus. Tant pis, je paierai l'amende, s'il
le faut.
_ Je te suis, dis-je en attendant qu'il me montre
l'endroit isolé dont il a parlé un peu plus.
Merci Genzo...
Je hochais une fois la tête à sa décision. Je ne l'attrapais pas avec moi, j'avançais simplement puisqu'il a dit qu'il serait juste derrière à marcher dans la même direction que moi. Le chemin était un peu ardu, plus il l'était plus le coin avait de chance d'être isolé, et pour l'instant c'était correct, il suivait bien je crois, je jetais quelques regards en arrière pour vérifier. Finalement, après une descente un peu compliqué, mes pieds touchèrent le sable brulant du coin isolé. L'eau était d'un turquoise intense. C'était une sorte de petit lagon, j'y étais allé une deux fois pour dessiner des couchés de soleil que j'avais finis à l'aquarelle... Je soupirais le soleil était brulant et j'eus pour seule réflexe de retirer à nouveau mon T-shirt puis le reste de mes fringues. Entièrement nue j'entrais dans l'eau, n'attendant pas. Je n'étais pas pudique, mon corps était entretenu comme je le voulais alors je n'avais pas de raison de la cacher.
Évidemment, j'aurai du me douter que le
chemin prit ne serait pas de tout repos. Sinon ce ne serait pas un coin isolé.
Je suis mort de fatigue, je meurs de chaud, mes muscles commencent à grincer
tant j'ai forcé. Lorsqu'il se retourne pour regarder si je galère -ce qui est
franchement le cas- je fais bonne figure, sans vraiment savoir pourquoi.
Le trajet me parait interminable, mais lorsque nous
arrivons, je ne regrette pas d'avoir manqué de mourir tout le long. La vue est
extraordinaire. C'est tout simplement magnifique, cela ressemble vraiment à une
plage paradisiaque.
Mon regard se porte sur Genzo, qui a déjà avancé sur le
sable et... qui est visiblement complètement nu. Je retiens un hoquet de
surprise. Néanmoins, je n'en ai jamais eu devant un homme dénudé, ce qui me
surprend d'autant plus.
Il avance dans l'eau, m'offrant une vision délicieuse. Je
ne me sens pas coupable, je n'ai pas de regrets ni aucune peur. A mon tour, je
délaisse la totalité de mes vêtements sur le sable. En vérité, je suis fou de
joie. Je suis pris d'une hystérie presque puérile. Et je cours jusqu'aux vagues
et saute dans l'eau, mêlant ma sueur à la mer. Je ressors la tête de l'eau,
balance mes cheveux -courts- en arrière en gémissant de bonheur.
_ Elle est super bonne !
Il me dépasse alors que l'eau m'arrive
à la taille. J'ai à peine le temps de cligner des yeux qu'il plonge, disparaît,
réapparait. La vision délicieuse de ses cheveux sur sa peau est scandaleusement
merveilleuse. Les gouttelettes glissent sur les traits de son visage, sur son
torse et sur le reste de son corps. Et alors qu'il passe une main dans sa
chevelure, je ne peux m'empêcher de songer aux amusements il pourrait
m'apporter. Je ne suis qu'un vieux pervers dégueulasse qui m'intéresse à des
gosses. Pitoyable me direz vous? Je le pense aussi.
J'avance un peu plus pour arriver à sa hauteur.
-Ça rafraichit n'est ce pas? Glissai-je alors que je brulais d'envie de le toucher.
Je savais que ce n'était pas bien, c'était un gamin, même
pas majeur, mais incroyablement sexy, ça il fallait bien l'avouer.
Mes muscles se détendent un à un. La
chaleur du soleil contraste avec la douce température de l'eau, c'est vraiment
agréable après un effort intense. Je me laisserai volontiers couler au fond,
sous l'extase. Au fond, je sais que j'en serai capable. Cela règlerait bien des
problèmes, et je n'aurai plus besoin de supporter quoique ce soit. Plus de
souffrances, plus de pensées, plus de contact. Rien. Simplement le néant
appréciable, que j'ai tant désiré dans le passé.
Alors j'aurais donc perdu toute forme de courage ? Je suis
beaucoup plus fort que ça. Mais la douleur n'est pas la même. Mon père ne m'a
jamais donné d'amour, lui...
Voyant que je commence à faiblir, je tourne la tête vers
lui. Il avance vers moi, lentement. Un rictus discret esquisse sa bouche. Ses
yeux sont posés sur moi. Ses tresses dansent lentement à chaque pas. Sa peau
matte luit au soleil, animant ses tatouages majestueusement. La beauté des
diamants brillant sur la surface de l'eau ne vaut pas cette beauté. Et cette
vue a le don de me déstabiliser un seconde. Néanmoins je réponds enfin à sa
question, avec un grand sourire.
_ Oui !
Je m'éclabousse le torse avec mes mains, faisant éclater
sur ma peau de grosses gouttes d'eau. Malgré mon air décontracté, je sens mon
cœur battre un peu plus vite. Ce n'est pas de la peur, non. J'ai même du mal à
comprendre ce qu'il m'arrive. Je renchéris.
_ Et à part venir clandestinement sur le beau terrain
d'Hanachi, qu'est-ce que tu fais dans la vie, Genzo ?
J'aurais pu m'étonner d'avoir retenu son prénom, comme
lorsque j'étais le nympho d'Hanachi, mais ce n'est pas le cas. Son prénom s'est
gravé dans mon cerveau.
La vision est bandante, et en cet
instant je le désire au plus au point. Je scrute le moindre de ses gestes comme
si j'attendais, tel un lion, que la pauvre gazelle soit sans défense. Cet
animal là, je dois le dire, semble plutôt suicidaire dans le genre. Mon prénom
entre ses lèvres raisonne étrangement, comme si il insistait pour que moi même
je n'oublie pas la sonorité de celui ci. Malgré que je me rapproche, je
m'arrête, reste en retraie. Si je l'approche il va y avoir un drame, s’il se
retourne, ce sera pire.
Je concentre mes pensées sur sa question plutôt que sur
ses fesses et ses jambes que l'eau cristalline rend difforme alors que je suis
sur qu'elles sont parfaites.
- Je suis tatoueur.
Ai-je besoin de rajouter avec qui je travaille? Je ne
crois pas. Il doit le savoir. Sauf si il n'a jamais fait tatoué ce présent que
dieu lui a donné là bas.
J'essaie de retenir mes pensées. Jusque
là, tout allait bien, le sport m'empêchait de penser. Mais je me suis jeté dans
un piège, aveuglément. Je ne m'en rends compte que maintenant. Ma naïveté me
surprend. Je me suis certainement surestimé, j'ai eu trop confiance en moi. Moi
voilà seul, avec un inconnu, totalement nus tout les deux, dans l'eau. Et dans
un endroit que personne d'autre que lui ne se serait donné la peine de
connaître. La tranquillité parfaite. Ou presque. J'agis comme s'il ne s'était
rien passé, comme si j'allais bien et que j'avais encaissé le coup. Je sais que
ce n'est pas encore le cas.
Néanmoins, je pense que je nourris l'espoir que ça
s'arrange. De façon peut-être exagérée. Qui, dans mon cas, se mettrait dans une
situation pareille pour espérer que ça s'arrange ? Je conclue encore une fois
que je suis un type tordu.
Lorsqu'il m'informe de sa profession, je quitte mon état
moral proche de la dépression et me retourne vers lui avec un grand sourire.
_ Vraiment ? À l’Irezumi-Akusesari ?
Sans même attendre sa réponse, je continue, en élargissant
mon sourire.
_ Les tatoueurs sont des amis à moi !
En faisant un pas vers lui, je marche sur quelque chose
pointu qui me fait trébucher. Pour ne pas tomber, je me retiens à lui en
murmurant des "Itai !". Je louche sur l'eau pour essayer de voir mon
pied.
Il a franchi le pas de lui même. Il est
face à moi presque heureux, prononce quelques mots que je comprends avant qu'il
n'atterrisse sur moi. Que fait-il? Ce mec est soit totalement inconscient, soit
totalement stupide, ou alors il le fait intentionnellement... Je fais mon
possible pour ne pas réagir, pour ne pas opérer un geste mal placé, mais c'est
l'éphèbe parfait qui vient de se coller à moi. Comment résister?
J'inspire lentement, tentant de calmer toute pulsion sexuellement
déplacée. J'effectuais un mouvement pour l'éloigner de moi même si il avait mal
au pied, je n'en avais que faire ... C'était sois il continuait à souffrir à
cet endroit, sois il avait de forte chance de sentir une douleur intense à un
autre endroit...
- C'est ça. Oui. A Irezumi-Akusesari.
Mes mots étaient hachés, distinct, emprunt à un certain
self contrôle.
- Je m'entends bien avec Tomeo, ajoutais-je.
Il me fait légèrement reculer. J'écoute
sa respiration contrôlé. Et à cet instant, je m'en veux énormément de l'avoir
approcher. Même si je n'en connais pas vraiment les raisons. Peut-être me
pense-t-il puérile au point d'être énervant. Peut-être que ma présence le
dérange ? Peut-être qu'il ne supporte pas d'avoir un homme nu près de lui ?...
Je ne sais pas. Et le ton qu'il prend ne met pas vraiment sur la voie. Ou
peut-être que c'est tellement mauvais signe que je ne veux pas comprendre.
Mon subconscient m'a certainement fait faire cela,
meurtris d'affection. Ou que mon instinct de chasse est revenu à la charge et
que je n'ai pas résisté à son charisme. Mais cela s'éloigne bien de la réalité.
Il me déroute. Je ne sais plus ce que je dois penser. Je me suis encore
emballer. Cet homme a certainement une femme, qui l'attend chez eux, en
préparant le repas. Mes yeux se portent sur ses doigts, mais sa main tatouée ne
porte pas d'alliance. Je pense, peut-être, un peu trop.
Je murmure un "Oui... Il est sympa", en le
fixant. Et j'ajoute un peu plus fort et avec une certaine audace.
_ Qu'est-ce qui t'arrive ?
Je papillonne des yeux, ne luttant pas pour ne pas laisser
paraitre mon désarroi.
De un, il est stupide. Au moins j'ai
éclairci ce point grâce à la façon dont ses yeux papillonnent sans comprendre.
Mon regard se fixe dans le sien. Quelle étrange bestiole que ce Kuragari... Si
il continue à me fixer ainsi je vais l'attraper par la taille et poser mes
lèvres brulantes contre les siennes.
- Tu le fais exprès? Demandais-je tout de même pour
vérifier ma première idée.
Qu'il ne me dise pas "De quoi?", je suis sure
qu'il sait de quoi je parle. Mes mains attrapent ses deux bras pour le tenir
immobile cinq secondes et qu'il ne se défile pas. Mes yeux le regardent de
manière plus intense : je veux savoir à quoi il joue. J'entame une autre
respiration pour me calmer.
Sa question fait disparaître toute ma
confusion. J'étais totalement à côté de la plaque. Je suis alors encore plus un
abruti que je le pensais. Et lorsque je sens ses doigts s'enrouler autour de
mes poignets, mon cœur repart de plus belles. Il y a eu un malentendu là. Et
c'est comme si d'un coup, il devenait vraiment imposant face à moi. Au fond, je
crois que j'ai peur. Non pas de lui, mais dans la chose que j'ai engagé. Un
acte parfaitement stupide.
Ses yeux fixent les miens, et sous la tension, je ne sais
pas quoi y lire. Néanmoins son regard s'incruste en moi, me faisait stopper
toute pensée. Je dévie le regard, faible.
_ Pas vraiment...
Après tout, ce n'était pas ma faute si il y a eu ce
coquillage sous mon pied. Mais j'aurai pu m'abstenir de m'accrocher, comme je
l'ai fait, à lui. Je crois que j'ai vraiment un problème.
_ Je crois que...
Que je suis indéniablement seul, et que je n'en peux plus.
Que je ne supporte plus le fait que je sois aussi faible. Que je ne veux plus
penser à rien.
_ ...que... j'ai juste besoin d'un peu... d'affection.
Qu'il me prenne pour une fleur bleue, je n'en ai rien à
faire. A ce moment, je m'apprête à faire quelque chose que je sais que je vais
regretter à un moment ou à un autre. Quelque chose qui va réveiller en moi des
millions de sensations et d'émotions. Quelque chose de douloureux au fond.
Quelque chose que j'ai fait pour la dernière fois... Avec Ryû.
Je me libère de son emprise. Je me hisse sur la pointe des
pieds. J'accroche mes mains à son cou. Et pose mes lèvres sur les siennes.
Ses doigts s'accrochent dans ma nuque
et je sens ses lèvres sur les miennes. Sous le choc je ne ferme pas les yeux.
Je ne comprenais pas ce qu'il se passait réellement et tout ce que je suis
capable de faire c'est d'accrocher mes mains à sa taille si fine. C'était comme
si l'on donnait au vampire du sang, intentionnellement entendons nous bien.
C'était comme si vous apportiez au prédateur que j'étais, le petit agneau
apeuré et tout prêt à être dévorer. Ces réflexions me firent échapper un
sourire avant que mes lèvres ne reprennent ce baiser qu'il a lancé.
Il a besoin d'affection, c'est bien ça? Je ne suis
surement pas en mesure de lui donner cela, mais il ne le sait pas. Je ne suis
qu'un animal mes amis, mais après tout rien ne me retient, même pas ma relation
libre et sans projet avec Tomeo.
D'un coup, aussi brutalement qu'un coup
de marteau, quelque chose explose en moi. Ce sentiment de trahison inapproprié,
dévore totalement ma peau. Un feu s'installe en moi. Des millions de souvenirs
refont apparition, blessant ainsi tout me confiance en moi. Le Yoru, New York,
son appartement... Des tonnes d'images me parviennent, elles apparaissent dans
une véritable tornade, qui dévaste tout. Cet amour révolu parcourt mon corps,
le faisant doucement défaillir. Je rage totalement contre les larmes, trouvant
que j'en ai déjà assez versé.
Je me sens ridicule. Je n'avais pas spécialement envie de
l'embrasser, j'avais autre chose en tête. Néanmoins je ne parviens pas à
m'arrêter. Je cours à ma perte, à l'autodestruction, au chaos. Mes bras
s'enroulent autour de sa nuque, je plaque un peu plus mes lèvres sur les
siennes. Mon cœur va certainement lâcher. Je me laisse emporter par les vagues
déchirantes de la colère. Je me noie dans l'océan de la destruction. Et l'eau,
tel un poison, vient s'insinuer dans mes veines.
Genzo semble m'avoir déjà emprisonné. Je n'ai pas peur de
finir séquestré dans un cave et ligoté à une chaise. En vérité je n'en ai rien
à faire. A ce moment, je me fous des conséquences, je tente plutôt d'avoir une
pensée claire. Je ne veux pas savoir ce qu'il pense, ou ce qu'il a derrière la
tête. Je ne veux pas imaginer la suite des évènements. Je ne veux pas savoir
dans quoi je me suis embarqué. Je veux simplement oublier...
Ma crise, ma passion, mon désespoir prennent le contrôle
de mes gestes. Je viens me coller contre lui, dans une fougue non dissimulée.
La chaleur de son corps me fait chavirer. Tout semble être démultiplié, chaque
sensation devient un ouragan. Ma langue vient se mêler à la sienne, alors que
mon cœur frappe mes côtes avec terreur.
Je partage ce baiser avec une fougue
soudaine, mes doigts s'accrochent dans ses cheveux, et mon autre main agrippe
sa taille. Ma langue est toujours plus avide de la sienne. Je ne sais pas ce
qu'ont les jeunes ici mais ils sont mille fois plus intéressant que de là où je
viens... Qui l'aurait cru?
Je ne comprends plus ce soudain désir d'affection qu'il
veut, je ne suis pas sûre de le définir comme tel en le voyant agir ainsi. Peu
importe. Dans le fond ça n'a pas d'importance. Je n'en ai que faire de ses
états d'âmes, et pourtant je m'en veux d'agir ainsi. Ah la culpabilité, quel sentiment
divin ! Elle vous ronge, elle vous tore, elle vous transporte ! Quelle
jouissance d'être torturé ainsi, mais au fond, qu'a-t-on fait à Dieu pour qu'il
nous assigne ce sentiment là ? Rien, rien du tout, absolument rien. Pauvres
petits humains.
Je soupire contre sa bouche avant de m'attaquer de plus
belle à celle ci.
Mon envie se confond avec le remords.
Je ne sais plus ce que je fais, ni comment j'ai atterrit ici. Aucune pensée ne
vient perturber mon mental désormais. Je ne sens que mon cœur qui se démène,
ses mains sur mon corps, et ses lèvres contre les miennes. Sa présence envahit
mon espace. Mon corps frissonne doucement. La déchirure est béante, et me rend
dix fois plus sensible. Il ne connaît pas les motivations qui m'ont poussé à
l'embrasser de la sorte, et je pense qu'au fond ce n'est pas plus mal. Je garde
pour moi tous mes problèmes pour le moment, et je tente de mettre un peu tout
ça au clair plus tard.
Une main remonte sur sa nuque, mes doigts se perdant dans
ses fines tresses. J'y mets de plus en plus de ferveur, me pressant contre lui.
L'un de mes genoux remonte lentement contre sa jambe, restant dans mes limites.
Et c'est après plusieurs minutes que j'en viens à rompre le baiser, à bout de
souffle. Je laisse mon regard planer dans le sien, nos respirations se
confondant.
Je reprends ma respiration, bien que
pas vraiment essoufflé. C'était agréable, surement pas suffisant. Je soupire
avant de me détacher de lui. J'ai besoin moi aussi de reprendre mes esprits.
Dans le fond je ne me sens pas bien d'avoir fait ça et je ne comprends pas
pourquoi.
- Excuse moi, soufflai je avant de déposer un
simple baiser sur sa bouche.
Je m'éloigne, avançant vers la plage. Ce n'était pas
correct ce qu'il venait de se passer, totalement surréaliste. Que l'homme est
un animal pitoyable lorsqu’il répond à ce genre de désir.
Le néant de l'incompréhension envahit
ma tête. Je ne comprends plus mes envies, ni mes intentions. Je ne sais plus
pourquoi j'ai fais ça, ni si j'ai su apprécié. Je ne parviens pas à réfléchir.
Mon cœur bat trop fort, mon sang pulse dans mes veines. Mon regard se tourne
vers Genzo qui s'éloigne. Comment peut-il me donner cet effet ? C'est
totalement inattendu. Je laisse le chaos de ma tête une seconde, pour agir,
poussé par une impulsion certainement stupide. Je le rattrape et saisis
doucement son bras pour le stopper.
_ Attend, Genzo... C'est moi qui dois m'excuser. Je...
Je ne sais pas ce qu'il m'a prit, sûrement un vieil instinct qui a réapparu. Je
ne sais pas.
Je ne sais pas si ce que je dis est le reflet de ma
pensée, si c'est la vérité ou même si je le pense vraiment. Peut-être que je
cherche simplement de me donner une excuse.
_ Mais... Faisons comme s'il ne s'était rien passé. Rejouons
au basket une prochaine fois...
Une révélation. Il ne peut pas partir comme ça, sans que
je sois totalement sûr de le revoir. Néanmoins, j'ai peur de réagir de cette
manière à nouveau. Je suis partagé.
_ Nee ?
Je pousse encore un soupire mais ne
dégage pas mon bras de son emprise. Je me vois déjà refuser. C'est en croisant
son regard que je suis dans l'incapacité de le faire. Un étrange sentiment
entre la pitié et l'envie de le revoir s'installe en moi. Je suis tout aussi
coupable que lui. Je n'ai fais qu'agir en fonction de mon instinct.
-Si tu veux, lâchai je.
Je passais une main dans mes cheveux mouillés avant de
tendre mes muscles pour m'arracher de sa prise. Je continue mon avancé vers le
bord. Mes pieds remontent sur le sable et j'enroule la serviette que j'avais
amenée pour le sport autour de ma taille pour m'assoir. Dans une des poches de
mon pantacourt je déniche une cigarette que j'allume avec le briquet qui était
avec.
Je ne comprends pas vraiment sa
réaction. Il semble un peu fâché tout à coup. Et je me sens ridicule. Néanmoins
sa réponse me réjouit quand même, tout en me faisant peur. Il s'éloigne vers la
plage, et je le suis silencieusement. En plus de mon chaos mental, venait
s'ajouter cette réaction. Je couvre ma taille de ma serviette, n'osant pas le
regarder. Je me demande ce qu'il pense, et pourquoi il change brutalement de
comportement. Malgré que je sois trempé, je renfile mon caleçon, décidant de ne
pas jouer l'exhibitionniste. Puis je laisse mes fesses tomber dans le sable.
_ Si tu as quelque chose à redire, dis-le moi. Je ne
vais pas te sauter dessus...
Du moins il le faut. Car il parvient à me faire oublier
mes malheurs avec trop de facilité. Et cela peut être dangereux au fond.
Rabattant mes jambes contre moi, je
pose mes deux avant bras sur mes genoux avant de baisser ma tête vers le sol.
Arf quel gosse! C'est lui qui trouve un moyen de me revoir et moi qui dois me
justifier, non ça n'a pas de sens. Je lui jette un regard au coin alors que je
porte de nouveau ma cigarette sur mes lèvres.
- Ça va. C'est toi qui semble perturbé.
Je sais lire au fond des gens. Je vois ce qu'il y a dans
leurs yeux, car au fond c'est peut être bien la seule chose d'expressive chez
moi : mon regard. Je passe une main agacée dans mes cheveux. Ce petit chieur
est entrain de me refiler son mal être.
Ni une ni deux je décide de ne pas me laisser abattre. Je
me relève et commence à renfiler sur mon postérieur à peu près sec à présent,
mon caleçon et mon pantalon. Si je reste ici, je vais être là à écouter ses
malheurs. Pourquoi j'ai dis cette stupide phrase ?!
Alors ça se voit. Alors je ne suis pas
capable de cacher mes émotions. C'était couru d'avance. Je ne peux pas cacher
ça, je vais devoir me prendre en mains, à nouveau, et supporter ça. C'est
irrévocable. Mais pourquoi au juste je me donne cette peine ? Est-ce parce que
je veux qu'il ait une bonne image de moi ? C'est inquiétant. Et puis c'est déjà
foutu de toute façon. Néanmoins je ne veux pas l'embêter avec mes problèmes. Je
sais que c'est à moi de les régler, et cet étranger n'a pas à connaître ça. De
plus je n'ai pas très envie d'en parler.
Je tourne le regard vers lui alors qu'il se rhabille. Ses
intentions sont claires : je l'ai emmerdé et il se casse. Il a certainement
compris mon jeu, et il ne veut pas être mêlé à cette histoire. Encore moins
panser mes blessures. Soit, j'y arriverai un jour.
Quelque chose me pousse tout de même à le revoir. Alors
qu'en fin de compte je n'en ai pas très envie. Des sentiments contradictoires
s'installent de mois. C'est mauvais. Et je décide de paraître plus joyeux, pour
des raisons que je veux ignorer.
_ Pas vraiment, la fatigue peut-être. Tu me juges là ?
Je prends un air nonchalant en relevant la tête vers lui.
- C'est ça ! Lâchais-je.
J'enfilais mon débardeur et récupérais ma serviette. Je ne
le regardais déjà plus et avançais vers l'extérieur, un sentiment de mélancolie
au cœur. Je pris une grande inspiration et calmais mon esprit. Avant de
m'éloigner vraiment je lui jetais un dernier coup d'œil. Il contemplait la mer,
pensif, ailleurs. Je ne sais pas s’il avait réalisé que je m'en étais allé loin
de lui. Je posais ma main une seconde sur mes lèvres avant d'abandonner : ce
type n'est pas pour moi.
|I|A
Une envie incontrôlable
J'aimerai ne pas savoir ce qui me
pousse à marcher jusqu'au salon de tatouage. Mais j'en ai vraiment conscience.
Je nourris l'espoir depuis une semaine de le revoir. Et j'ai lutté contre
l'envie, enfermé dans ma chambre. Les gens qui me regardaient pleurer
auparavant ont remarqué un changement de comportement chez moi. Apparemment, je
serai moins triste et paraitrait plus soucieux. Et peut-être que c'est le cas.
La rencontre Genzo a soulevé chez moi des tonnes de questions. Jusqu'à en
oublier deux secondes la cause de mon malheur. Et lorsque j'ai vu ma fille en
milieu de semaine, il me trottait toujours dans la tête.
Le pire dans cette histoire, c'est que je ne comprends
rien. Je ne comprends pas pourquoi je me sentais mieux quand je l'ai vu, ni
pourquoi j'ai envie de le revoir. Quelque chose m'y pousse, alors qu'au fond,
je n'en ai pas très envie. Simplement à cause de ce qui s'est passé à la
plage l'autre fois. Je ne le connais pas. Et la façon dont notre rencontre
s'est terminé ne me donne pas vraiment le droit de le revoir seul à seul. C'est
pourquoi je prie pour qu'il y ait quelqu'un d'autre à l’Irezumi. Je franchis le
seuil de la porte, rassemblant tous mes espoirs. J'avance jusqu'au comptoir, le
cœur palpitant, mais laisse apparaître un sourire sur mes lèvres. Il n'y a
personne dans la boutique, mais j'écoute le bruit d'un crayon qui s'agit sur
une feuille, dans la pièce derrière.
_ Fusa ? Tomeo ? Quelqu'un ?
Je n'ai pas oublié son nom, mais je ne veux pas qu'il
sache que je viens ici seulement pour lui.
J'essaye de travailler de manière
appliquer. Mes yeux étaient rivés sur le papier : je dessinais la commande d'un
client, un dessin typiquement japonais, carpe koi, et autres motifs synonyme de
l'antiquité de notre pays. Bien qu'enfaite nous n'avions pas d'antiquité à proprement
parler. Cependant plus mes pensées divaguaient plus cela voulait dire à mes
yeux qu'il fallait que j'arrête tout de suite. Je ne l'aurais surement pas fais
si une voix que je connaissais et le bruit de la porte ne m'y avait pas amené.
Je me levais avec précipitation. Ne vous méprenez pas, il
ne me manquait pas! C'était juste que j'avais envie de voir s’il avait changé,
voilà tout. A croire que je me sens obligé de me leurrer, car en vérité ses
lèvres m'avaient laissé une trace peu commune.
J'apparus derrière le comptoir et étonnement il n'avait
pas l'air surpris.
-Ils ne sont pas là, déclarais-je.
Mes yeux se posèrent sur lui, un peu dédaigneux, mais
aussi remplis d'un je ne sais quoi de nostalgie. J'en devenais pitoyable.
Lorsque Genzo apparait dans la
boutique, je ne suis pas du tout étonné. Je ne sais pas pourquoi, mais je
savais que le destin ferait que nous ne soyons que tous les deux. Néanmoins, je
suis surpris de sa coiffure. La première et dernière que je l'ai vu, des longues
tresses tombaient délicatement autour de ses épaules. Désormais, ses cheveux
sont détachés, et cela lui donne encore plus de grâce j'ai l'impression.
Je remarque ses yeux qui semblent animer par une émotion
forte. Je ne parviens pourtant pas à saisir sa réaction. Lorsqu'il m'a laissé
sur la plage, il me crachait ses mots à la figure, comme totalement répugné par
mon être.
_ Ah... Je peux rester quand même ?
Je lui adresse un petit sourire en relevant le regard vers
lui. En vérité, le fait qu'il me rejette un peu m'importe peu, je veux savoir
ce qu'il se cache là-dessous. Je veux comprendre pourquoi il m'obnubile tant.
Je n'attends pas de réponse et passe derrière le comptoir,
frôlant de près son corps et entre dans l'arrière-boutique, pour m'assoir sur
le plan de travail.
_ Tu fais quoi ?, demandais-je en posant mes yeux
sur le dessin apparemment interrompu par ma visite.
Je le regarde me passer à coté
m'effleurer et je sais qu'il le fait exprès. Ah décidément, il doit être revenu
pour me voir et c'est plutôt flatteur je dois l'avouer. Je n'ai rien eu le
temps de dire qu'il était déjà aussi sur la place précédemment occupé par mon
postérieur. Je suis dubitatif quand à sa présence ici, cependant je vais fermer
la boutique pour qu'on nous laisse un peu tranquille. Lui et moi semblions
toujours isoler du monde extérieur quand nous étions ensembles.
Posant mes deux bras de chaque coté de son corps sur la
table de travail alors qu'il tente de comprendre mon dessin, je fais passer mon
souffle dans son cou.
- C'est une commande. Carpe Koi et Dragon, vague,
motifs anciens. C'est ce que veux le client sur tout l'avant bras droit.
C'était totalement approprié à mon style et au genre que
j'aime dessiner alors j'y prenais beaucoup de plaisir.
- Je ne crois pas que quelque chose de ce genre te
conviendrait à toi.
Je suis légèrement surpris lorsque je
le sens se pencher vers mon dos. Et quand je sens son souffle si doux effleurer
la peau de mon cou, j'entre dans un état second, comme s'il avait enclenché
quelque chose chez moi. Notre solitude me frappe aussi fortement que son
agréable parfum. Je n'écoute que d'une oreille ce qu'il dit, mon regard
distrait fixant le dessin. Il est vraiment doué, il n'y a pas de doutes, c'est précis
et avec une certaine pratique d'ombrage. C'est vraiment magnifique. Néanmoins,
je ne rate pas ces derniers mots. J'encadre le dessin de mes deux bras tendus.
_ Non, pas vraiment en effet, souris-je.
Je lutte contre moi-même pour ne pas réagir à son souffle
visiblement trop près de mon oreille. C'est mauvais. Il ne faut pas que ça
continue comme ça. Mais comme si je ne m'écoutais pas, je profite de la
fonction tournante de la chaise pour lui faire face, nos visages dangereusement
rapprochés. Je suis déstabilisé l'espace d'un seconde, mais finit par esquisse
un sourire.
_ Pourquoi, tu voudrais me tatouer ?
Évidemment, même s'il en avait envie, je dirai non. Rizo
m'a fait un sermon par rapport à mon dernier tatouage... Je joue déjà avec le
feu. Je décide de ne me faire plus sage et de me lever en passant sous son
bras.
Je le fixe ses lèvres mais ne les
touche pas. Ce sont mes yeux qui dévorent sans caresser, sans effleurer. La
distance est tellement infime que je me délecte de son souffle. Cependant le
voilà qui se lève et s'éloigne : ah déception ! Son parfum suit dans sa trainé
et je me laisse retombé sur mon siège.
-Non ça ne m'intéresse pas. Sauf si tu me le demandes.
C'est vrai dans le fond : un tatouage ne prend son sens
que si son destinataire y est particulièrement intéressé. Je ne tatoue qui si
on me le demande, pas selon ma volonté. Je me calais au fond de mon agréable
fauteuil pour profiter d'un peu de confort. Ainsi, j'avais aussi une vue sur
Kuragari. J'observais son visage, son corps, dans un silence qui pouvait pesant
mais que je trouvais très reposant.
Je sens son regard brulant sur mon
corps et je m'en délecte parfaitement. Je ne comprends toujours pas pourquoi je
réagis comme, pourquoi je me sens si bien tout à coup. Mais je ne peux pas
cacher totalement mon véritable état. Je fais tout pour en tout cas. Là encore,
ne sachant pas pourquoi.
Je lâche un faible soupir.
_ Malheureusement je n'ai plus le droit. C'est déjà une
chance que mon patron s'occupe encore de moi avec tous ceux-là... Mon image ne
m'appartient plus.
C'est triste mais c'est comme ça. J'ai choisit ma voie et
elle me plait. Pour l'instant j'ai encore une chance de toucher une certaine
branche dans le mannequinat avec cette peau imprimée. Et c'est une chance.
Je m'appuie une jambe, et pose la main sur la hanche en ne
le lâchant des yeux. Son visage est impassible, il n'exprime absolument rien.
Il est posé au bord de sa chaise, face à moi. Mais il y a cette lueur dans ses
yeux qui me jauge, et cela ne me déplait pas du tout.
Je sais qu'il se contrefout du fait que je sois mannequin.
C'est pourquoi il ne me le demande pas. Cela ne lui fait certainement ni chaud
ni froid, je le sens. Je mets les mains dans les poches et finalement me
retourne, m'arrachant à sa vue. Mes yeux parcourent la pièce et s'arrête sur la
porte, à gauche. Je suis déjà venu quelques fois ici, mais je me suis toujours
questionné par rapport à cette issue. Il n'y a pas de rue derrière
l'arrière-boutique...
_ Il y a quoi par là ?, demandais-je, curieux, en
montrant le battant d'un mouvement de tête.
Ah cette image était pourtant
merveilleuse. Si elle s'était recouvert d'autre tatouage, j'aurais certainement
aimé encore plus cette peau, qui alliait l'art et la perfection, la beauté et
le surréaliste. Je jetais un regard en direction de ce qu'il désignait pour ne
voir que la porte menant à mon petit chez moi. J'arquais un sourcil et mon
visage prit une expression plutôt satisfaite. Quel délicieux sens de l'observation.
-Il y a un escalier, qui monte. Après celui ci il y a
un couloir. Et au bout de ce dernier se trouve une porte qui s'ouvre sur un
studio. Le mien.
Je lui cachais l'envie que j'avais en cet instant de lui
faire découvrir l'entre de mes vices et pêchés, ce lieu inviolable où j'aimais
violer les limites. Je soupirais et me levais pour pousser le poignet, lui
montrant les marches en bois qui se dessinait pour accéder au premier étage.
|Studio de |Genzo
J'esquisse un large sourire à la fin de
son explication. Il aurait pu simplement dire que ça menait chez lui, mais je
suppose qu'il faut comprendre quelque chose d'autre là-dedans. Néanmoins j'en
suis bien incapable, mon combat mental ne s'arrêtant plus. Je pars dans
l'hypothèse que mon instinct a refait surface, et que mon flair a détecté la
douce odeur d'un lit derrière cette porte. N'importe quoi en somme. Je regarde
avec attention ces marches qui m'appellent. La chose qui m'a poussé à venir ici
revient de plein fouet, cette fois concernant son studio. Je sais que je me
jette dans la gueule du loup, et j'avance toujours plus loin.
_ Tu m'invites ?
Encore une fois je n'attends pas de réponse et monte les
marches deux par deux. J'essaie de me convaincre du fait que j'avance vers chez
lui simplement parce que j'ai envie de voir à quoi ressemble son chez lui. Mais
ce n'est pas vraiment convainquant, cette fois c'est clair : je ne contrôle
plus rien. Je parcours le couloir rapidement et ouvre la porte qui me semble
être la bonne. Un grand sourire se grave sur mes lèvres, dévoilant toutes mes
dents. Il n'y a qu'une seule fenêtre, mais le studio m'éblouit presque, étant
totalement constitué de blanc. Le sol, les murs, les draps, les meubles, tout
est radieux. C'est la première chose qui me frappe. Ensuite je trouve cela très
sommaire, il n'y a pratiquement aucune décoration, tout est très fonctionnel.
Il n'y a là que le strict minimum pour vivre et ce n'est sans doute pas plus
mal. Moi qui aie pourtant vécu dans la luxure, je suis charmé par cet endroit.
C'est lorsque j'écoute ses pas s'avancer sur les planches du couloir que
j'entre enfin. Je laisse mon postérieur tomber sur son lit.
J'ai avancé beaucoup plus doucement que
lui, qui semblait totalement excité à la simple idée de voir mon appartement.
Alors que j'entre dans la pièce il est assis sagement sur mon lit, et je ne
peux m'empêcher d'avoir l'air satisfait et heureux à la fois. Je me calais
contre le mur m'appuyant sur mon épaule.
-Ça te plait ici? Demandais-je par curiosité.
Je songeais que peut être, si c'était le cas, il
reviendrait me rendre visite. La plupart des gens pensaient que cet endroit
n'était pas moi : trop blanc, trop propre, trop bien, trop soft. Mais après
tout qui se souci du papier cadeau quand on sait ce que le présent renferme?
-Le lit est il confortable au moins?
Personnellement je trouvais que oui. J'avais déjà
expérimenté les délices qu'il pouvait m'offrir, mais j'aimerais en découvrir
d'autre.
Je laisse une derrière fois mon regard
trainer sur l'appartement avant de reporter toute mon attention sur lui. Sa
silhouette se détache parfaitement de toute cette blancheur. Il me demande mon
avis d'un ton plus détaché, et en retrait.
_ Oui, beaucoup !
Peut-être parce qu'on fond, il est aussi simple que celui
que j'ai fréquenté ces derniers mois. Suis-je donc devenu masochiste ? Je ne
réfléchis pas plus longtemps, ne voulant pas gâcher le peu de bien-être que je
ressens en ce moment. Et sa seconde question, je fais quelques bonds sur le
lit. Je trouve qu'il manque quelque chose, c'est perturbant. En une seconde
j'ai retiré mes chaussures et, sourcils froncés, je me balade à quatre pattes
sur le matelas. Et me stoppe tout à coup en tournant le regard vers lui.
_ Mais... Il ne grince pas ?
Je crois voir un enfant, il en serait
presque à sauter dessus pour voir si les lattes tiennent le coup. Je rigole un
peu jusqu'à ce que mes yeux se posent sur ce postérieur divin et provoquant.
Non pas que ce soit la première fois que je le vois, mais l'image est trop
subjective pour que je ne puisse pas m'attarder dessus.
Mes yeux ont un air malicieux alors qu'il me pose une
question.
- Non, et il tient plutôt bien les chocs.
Bien sur, je l'avais déjà testé plusieurs fois pour
avancer ça. Je vins m'assoir à mon tour sur le lit avant de m'allonger, pour
tourner la tête vers lui, les mains dessous celle ci. Il est sexy à en mourir.
Sa bouche me fait envie et son corps que j'ai déjà vu nu est une tentation à
lui tout seul. J'avoue son baiser me manque.
- Tu veux vérifier la fiabilité de mes paroles?
Je le regarde s'installer sur le
matelas. Ses cheveux s'étendent autour de sa tête. Et lorsqu'il tourne le
regard vers moi, je reste complètement figé. Il y a désormais très peu de
chance que j'arrive à m'en sortir maintenant. Peut-être que j'ai atterrit ici
parce que mon subconscient voulait que j'y sois. Genzo est peut-être quelqu'un
de bien. Peut-être que c'est ici que prendra fin mon désespoir. Alors il faut certainement
que j'y mette un peu plus du mien.
Son regard est posé sur moi, et je peux y lire une
gentille provocation. Son visage a vraiment quelque chose d'angélique à cet
instant. Avec tout ce blanc immaculé autour de lui, cela renforce encore plus
mon impression. Depuis que je l'ai rencontré, c'est une suite de signes qui se
produit. C'en deviendrait presque oppressant tant cela semble m'indiquer un
chemin à prendre. C'est inquiétant même.
Je daigne à lui répondre, avec un grand sourire pour
camoufler toute forme de délires mentaux.
_ L'invitation est alléchante, mais...
Mon sourire s'élargit et je m'assois finalement sur le
lit.
_ ...je viens de décider que finalement, je ne sais
rien sur toi. Et j'aimerai au moins savoir si j'ai une chance de revoir la
lumière du jour, si tu vas me séquestrer, me couvrir de tatouages ou carrément
me torturer.
J'ai conscience qu'à cet instant, on ne me reconnaitrait
presque pas. Et laisser de côté un moment de plaisir pour apprendre à un peu
mieux le connaitre est devenu quelque chose d'existentiel chez moi, tout à
coup.
Alors il voudrait me connaitre, c'est
ça? Je soupire. Quel garçon étrange décidément ! Ils sont tous bizarre dans
cette école, ou bien suis je tombé sur les oiseaux les plus rares du paradis?
Quoi qu'il en soit, ils sont tous les deux sexy et attirants à leurs manières.
J'arquais un sourcil car ses paroles étaient plus que farfelu et à mes yeux
n'avaient aucun sens.
-Je ressemble à une personne qui fait ce genre de chose?
Quoi que c'était tentant : quel merveilleux petit
prisonnier il ferait et quel plaisir j'aurais à le maltraiter. A cette pensée,
j'étouffe un son qui en dit long sur ce qui se trame dans ma tête. Je
commençais à trop le désirer...
Je ne sais pas vraiment quoi répondre à
sa question. En vérité je n'ai pas vraiment d'avis sur lui. Je m'attends à tout
: à ce qu'il soit aussi attendrissant comme à ce moment, mais aussi à ce que je
viens de dire.
Il m'a fait comprendre, par sa mimique, qu'il trouve tout
autant que moi pas vraiment naturel la façon que j'ai eu de lui demander ça.
Cela contraste légèrement de mon comportement à la plage, c'est vrai... Mais je
pense qu'ici c'est tout de même différent : je suis chez lui.
J'allais m'excuser quand, tout à coup, j'écoute ce son,
plutôt révélateur. Je me tends légèrement, faisant le lien avec ce que je viens
de dire. Un peu flippant, je l’admets. Mais l'écoute de cette voix étouffée me
balance de l'électricité dans tout le corps. La bataille reprend soudainement.
Et le remord tente de me punir pour ressentir un embryon d'excitation pour
Genzo. Je suis spectateur de tout cela, ici simplement pour subir mon
châtiment, tout comme ma satisfaction. Je sais que si je me jette dans ce
gouffre, je vais le regretter, malgré la délivrance.
L'envie l'emporte sur la raison. Mes yeux fixent ses iris noirs.
Et c'est comme s'il me demandait clairement d'arrêter de tournicoter des trucs
dans ma tête. Soit, monsieur "éclat de lumière, je suis un ange", tu
as gagné, je rends les armes.
Il ne me faut qu'une seconde pour que je me retrouve à
califourchon sur lui. Je peux déceler dans son regard une grande part de
contentement, ce qui me laisse supposer qu'il est plutôt heureux de la tournure
que prennent les choses. Je ne peux pas me leurrer : c'est mon cas aussi.
Évidemment, ce sentiment de trahison revient à la charge. Je sais que cela ne
va pas être une belle promenade, niveau mental. Je ne réfléchis pas plus et me
penche brusquement pour l'embrasser.
Les évènements tournèrent alors à mon
avantage. Et quelle ne fut pas ma surprise : celui qui semblait dubitatif un
peu plus tôt, prenait les devants de ce que j'espérais ! Mes lèvres appèrent
alors les siennes avec envie. Trop longtemps que leur douce chaleur ne m'avait pas
touché, et j'avouais que je me languissais d'elles depuis que je l'avais
rencontré pour la première fois. Je me redressais rapidement pour pouvoir mieux
profiter de ce baiser.
Mes mains, elles, se posèrent sur la taille de mon
précieux jouet, glissant sous son chandail. La délicieuse sensation de son
épiderme revient en mémoire et je me délecte de cet instant qui risquait de se
terminer aussi sèchement que celui qui c'était produit quelques jours avant à
la plage.
La totalité de l'instant me semble surréaliste alors que
je m'étais habituée à aucune résistance de la part de ceux que je voulais.
Seulement ce petit avait sut jouer avec moi en jouant le pauvre petit innocent
qu'il n'était surement pas. Ah si seulement je pouvais tester ses capacités
charnels, j'en serais plus que satisfait.
Je pressais le bassin de l'androgyne contre le mien pour
lui montrer mon désir plus qu'intense de le sentir contre moi.
Je ne me rends même plus compte de ce
que je fais. Bien sûr je ressens ses caresses, et sa chaleur. Néanmoins c'est
comme si tout cela était un rêve, que nous sommes dans une autre dimension et
que tout cela ne se passe pas. Quelque chose en moi se met à bouillonner, et
des millions de pensées déchirantes apparaissent.
Jusqu'à ce moment, je n'ai pas perçu Genzo comme un être
humain à part entière, mais comme s'il n'était apparu sur terre que pour me
relever de ma peine. Ces signes m'ont tellement perturbé, que je me suis mis à
délirer. Mais maintenant, je comprends qu'il n'y a pas que la valeur qu'il a à
mes yeux, mais aussi et surtout de toute sa personne. Ce contact brulant sur ma
peau me réveille doucement de ma léthargie. Il ne sait pas tout ce qu'il
déclenche chez moi, ni pourquoi je me suis fais si hésitant au départ plutôt
que de suivre mon instinct. Et ce n'est pas plus mal, vu la réaction qu'il a eu
à la plage.
Les souvenirs continuent d'affluer en moi. Je sais que je
pourrais fondre en larmes à cet instant, ce combat si dur s'éternisant.
J'aimerais ne penser à rien, vivre seulement. Mais lorsque nos regards
s'accrochent, que son souffle ardent passe sur ma peau, je ne peux m'empêcher
de me dire que je ne suis pas encore prêt à tourner la page. Je m'inflige une
torture cruelle. Je ne veux rien laisser paraitre, ne pas le décevoir et vivre
cet instant au mieux. Et lorsque le plaisir enivrent se fait ressentir, ma
gorge me fait horriblement souffrir tant elle est nouée.
Genzo, s'il te plait, brise mon cœur, brise mon amour.
Arrache-moi à cette fin trop brusque qui ne cesse de me tourmenter. Détruis
toutes mes émotions nocives à mon bonheur, et remplis le reste avec tes gestes.
Embrase ma peau de ton toucher, impose-toi. Les dernières mains qui ont touché
mon corps de cette façon sont loin désormais. Lacère-moi, anéantis tout ce qui
pourra te gêner. Je ne veux plus de tout ça. Donne-moi un peu de ta puissance.
J'aime cette façon que tu as à me dire implicitement que je suis une petite
chose à toi. Car au fond, je ressens cette sécurité que je n'ai plus. Et c'est
dans cette chaleur insoutenable, au bord de l'étouffement et du chaos mental
que je parviens à ressentir une profonde sensation de bien-être, que j'exprime
à gorge déployée. Le tourbillon de sensations me ravage. Je reste, comme une
loque, sur le matelas, luttant pour retrouver une paix intérieure.
Nos deux corps sont deux vents de
puissances différentes : je suis cette tempête qui déchaine les mers et océans
du globe et qui emporte les battisses au loin, alors qu'il est cette petite
brise légère de printemps si cassable est éphémère. Je déploie mes forces et
talents à imposer toute ma présence à ce petit corps faible et sans défense,
qui pourtant semble doué d'une expérience certaine. Je ne peux m'empêcher de
contempler ce corps si friable, si mince, si transpirant, si sensuel qui se
plie, se cambre, se meut sous mes doigts.
Je le tiens contre moi tendrement, pour ne lui faire
ressentir qu'un plaisir encore plus intense. Je sais que son corps et son âme
seront marqué à vie par mon passage. En tout cas je le serais à sa place. Ma
présence omniprésente me rend insatisfait car j'ai l'étrange sensation qu'il ne
me montre pas tout son potentiel. Je suis un démon totalement insatiable de son
corps fin que je martyrise plus que de raison, ne pouvant me contrôler.
Les heures ont défilés et quand enfin je décide de lâcher
ma prise, et qu'il se décide lui aussi à me libérer, le soleil est déjà bien
bas sur l'horizon. Les douces couleurs chaudes de la fin de journée se
reflètent sur les murs blancs et les draps salis mais immaculés.
Ma bouche embrasse sa gorge une fois encore, le remerciant
pour ce délicieux moment. La fatigue engourdit doucement mes membres et je vois
ses yeux se fermer à leur tour … Je dois l'avouer : partager un moment avec un
dieu pareil n'est pas donné à tous le monde.
Les bras de Morphée m'entrainent cependant dans d'autres
lieux souillés.
Mon corps endolori par cet enivrement
parvient peu à peu à retrouver son calme. J'ai remarqué la teinte de feu qu'a
l'appartement et me demande si finalement la chaleur que je ressens est du au
véritable incendie de la pièce. Mais c'est en tournant le regard vers la
fenêtre que je me rends compte qu'il ne s'agit que de la fin de journée. Le
temps est passé si vite, pourtant mes tortures m'ont paru interminables. Je me
retourne vers Genzo. Ses yeux sont déjà clos, et sa respiration régulière. A
mon tour, je sens mes paupières se fermer, plus par épuisement que par sommeil. Le moment
que nous avons partagé a été tellement intense, mentalement mais aussi physiquement.
Le contraste du désespoir et la jouissance est réellement déroutant. Je sombre
brutalement.
[ Dans la nuit ]
Comme je m'y attendais, me voilà déjà réveillé. Je n'ai
pas dormi longtemps, mais voilà déjà plusieurs heures que j'observe le sommeil
profond de Genzo. Son visage est paisible, il semble serein, contrairement à
d'habitude. Je ne pense pas que quelqu'un d'autre aurait pu me faire éprouver
cela. Dans un autre cas, je sais que je n'aurais pas pu, je n'aurai pas eu
envie, j'aurai tout rejeté. Cette chose lui est propre. J'ai peur de trop m'y
accrocher et qu'il me jette une fois que l'aube pointera son nez. Genzo, s'il
te plait, donne-moi la chance d'encore progresser dans ma quête de vie plus
heureuse.
Par une impulsion, je sors du lit doucement, pour ne pas
le réveiller. Je me dirige vers ce qui me semble être la salle de bain. Je
referme délicatement la porte derrière moi. Je ne fais pas attention à ce qui
m'entoure. Je me laisse tomber sur le sol. Ma gorge se noue. Toutes les
émotions contre lesquelles je lutte deviennent plus fortes que moi. Je l'avais
prévu, et me laisse abattre en explosant en sanglots.
L'image de Ryû s'abîme, se froisse, se plie. Sa douce voix
grave qui résonne dans ma tête. Le sillage brûlant de ses doigts sur mon corps,
pleins de tendresse. Ce regard si profond, qui me jaugeait avec tellement
d'amour. Cette passion que nous partagions. Qui a eu une fin si brutale. Et qui
ne peut pas se terminer si facilement. Non, elle s'est décuplée, engendrant un
manque presque vitale tant il est fort. Je me sens défaillir un peu plus chaque
jour.
Mes larmes redoublent, et je lutte pour ne pas réveiller
Genzo.
Je réintègre son lit que lorsque le ciel commence à
s'éclaircir. De nouveau, je le fixe, il n'a pratiquement pas bougé. Je viens
doucement me blottir contre son corps chaud. Cette fois, les regrets ont
disparu, j'en profite alors pour trouver un peu dé réconfort. Je lève mes yeux
bouffis et cernés vers son visage. Il a tellement de valeur à mes yeux
maintenant. Même un peu trop. Et lorsque j'aurais renoncer à lui , je sais que
la place libre ne demandera que cet homme endormi. Suis-je résigné à souffrir
encore ? L'épuisement non assouvi et celui de mes larmes parvient à m'endormir
une seconde fois.
Mon corps se contracte légèrement quand
il vient se serrer contre moi. Je crois que c'est ça qui vient de me réveiller
alors que lui semble s'endormir. Son visage est contre mon torse et une légère
sensation humide me parvient à son contact. J'essaye de ne pas me poser de question
et pose doucement ma main sur ses cheveux pour venir les caresser.
Je suis un lève tôt, je n'ai pas l'habitude de feignanter
au lit, mais j'ai envie de le tenir comme ça, près de moi, de le protéger car
il semble un peu plus fragile que les autres.
Ce n'était pas le moment de devenir sentimental, alors je
me décidais à me lever pour éviter cela. Déposant un baiser sur le haut de son
nez, il sembla faire une grimace, et il en fit une autre alors que ma présence
sur le lit s'effaçait.
Mes pieds me firent avancer jusqu'à la cuisine où je
commençais à préparer un café, puis ils me guidèrent à la fenêtre que j'ouvrais
pour prendre l'air. Il m'arriva dans la figure et je le trouvais très agréable,
tout comme le café maintenant près que je tenais dans mes mains. La chaleur de
ma boisson contrastait avec la fraicheur du matin. Je soupirais de plaisir.
Rien de tel après des ébats comme ceux de la veille.
Le soleil commençait tout juste à se lever et j'en
profitais pour regarder sa majestueuse ascension.
Apparemment je l'ai réveillé. Il
semblait profondément endormi pourtant. Mais je pense que s'il est de mauvaise
humeur, il m'aurait au moins insulté. Au lieu de ça, il a caressé mes cheveux,
et cela m'a légèrement réconforté l'espace de quelques secondes. Puis il a
disparu, et j'ai beau tâter le matelas, je ne le trouve pas.
J'ai épuisé toutes mes réserves d'énergie, dû à ce moment
de plaisir plutôt long et à ces heures d'insomnie que j'ai passé à pleurer.
Néanmoins je sais que si je ne me lève pas tout de suite, je vais dormir toute
la journée. S'il ne me jette pas à la porte avant ça.
Mais mon corps ne m'obéit plus, je ne parviens pas à me
redresser. Seulement à me tourner de l'autre côté, où je peux voir le profil de
Genzo devant la fenêtre. Quelques unes de ses mèches flottent dans l'air, son
teint mat s'allume à la lumière du soleil, et ses yeux légèrement plissés
s'illuminent d'une attention toute particulière.
Genzo, je ne sais pas si tu fais des efforts pour réagir
ainsi mais si tu savais comme j'apprécie. Tu m'offres un peu d'attention, même de
la tendresse, sans même me poser de questions. Je ne suis pas encore prêt à
dire cela sans pleurer, sans que cela ne fasse mal. Mais ta présence apaise un
peu tout cela. Et j'aimerai comprendre comment c'est possible, pourquoi est-ce,
toi, tu me fais réagir comme ça.
Ne voulant pas plus l'embêter, je réussis à me hisser en
avant, dans un long grognement. Cette nuit j'ai faillit m'endormir sur le
carrelage de la salle de bain, mon dos me fait légèrement mal.
_ Bonjour, fis-je, en me forçant un peu à sourire
je l'admets.
Mes yeux cherchent sur le sol un bout de tissu qui se
rapprocherait de mon caleçon. Une fois repéré, il me faut quelques longues
secondes pour me sortir du lit pour aller l'enfiler.
_ Désolé de t'avoir réveillé.
Alors que je l'entends gémir, je jette
un regard curieux derrière moi pour le voir se relever. Je pensais qu'il allait
s'éterniser un peu dans mon lit. Son bonjour semble creux de toute véritable
bonne volonté. J'ose lui répondre tout de même.
-Bonjour, bien dormi?
J'eus comme un doute en posant cette question, et je ne
comprenais pas pourquoi. Peut être à cause de la sensation que me laissait son
visage que j'avais senti humide sur mon torse. Cependant je n'en étais pas
certain.
-Non ce n'est pas toi. Je me lève toujours tôt. Tu peux
rester couché. Tu dois être fatigué.
Je le lui conseillais alors que je le voyais entrain de se
rhabiller. Je le préférais nu tout de même.
-Il y a du café de près si tu veux. Fais attention il est
corsé.
C'est ainsi que je l'aime, brulant et fort.
_ Je n'ai... pas beaucoup dormi en
fait, fais-je dans un rire.
Je retiens son idée de rester au lit, même si je n'en ai
pas vraiment envie. De toute façon, je sais que je vais m'écrouler, une fois
que mon corps ne pourra plus lutter contre la fatigue. Je finis d'enfiler mon
caleçon avant de me diriger vers le café. Au moins il me réveillera un peu
mieux. Je m'étire longuement, bras ouverts, pour faire craquer mon dos.
J'attrape la tasse fumante et me dirige vers lui.
_ Je dormirai quand j'arriverai plus à tenir debout !
J'esquisse un faible sourire et me place à côté de lui,
pouvant enfin admirer la vue. Si je m'assois sur le lit, c'est foutu, je ne me
relève pas.
Je ne remarque alors que maintenant qu'il vient de dire
que je peux encore rester un peu de temps chez lui, pour dormir. Délicate
intention, généralement ça ne se passe pas comme ça. Je suppose alors que je
fais vraiment pitié. Il est très attentionné, contrairement à la fin de notre
rencontre. J'ai du mal à le cerner.
_ Pourquoi, tu ne veux pas m'avoir dans les pattes ?
Je noie mon sourire dans ma tasse.
Je profite de sa présence à mes côtés.
J'avoue la trouver très agréable, plus que celle de n'importe qui d'autre. Plus
que celle de Tomeo en un sens, lui qui semblait ne vouloir avoir aucune
histoire sérieuse était un peu trop tendre à mon goût. Il ressemblait à une petite
chose perdue. En un sens Kuragari aussi, tous ces étudiants étaient totalement
pommés dans leur tête. Ils n'avaient plus logique et plus de décence. Je n'en
avais pas plus malheureusement pour m'abaisser à faire une chose pareille.
-Fais comme tu le souhaites. Ne te plains pas ensuite.
Le parfum de sa peau, mélangé à celui de la cigarette et
du café était vraiment agréable.
-Non tu ne me dérange pas. J'ai rarement vu
quelqu'un d'aussi peu désagréable à fréquenter.
Il est vrai que je me lasse vite des choses, des gens, et
que même si je traine avec certains, ils me tapent quand même sur le système.
Lui, non. Il était particulier, différent et c'était loin d'être déplaisant.
-Le café te convient?
Le spectacle est magnifique. Je n'ai
que rarement vu le soleil se lever, je me lève toujours trop tard. Alors je ne
me plains pas d'être fatigué, et je ne le ferai pas, selon son exigence. Et
puis je suis chez lui. Si j'ai sommeil je n'ai qu'à rentrer à l'université.
Je lui adresse un léger sourire lorsqu'il m'informe que je
ne suis pas si chiant que ça. A vrai dire je ne m'y attendais vraiment pas.
Nous nous sommes rencontrés en faisant une partie de basket, alors une faible
complicité s'est installée, je ne peux dire que c'est totalement un étranger.
_ Un peu trop chaud, fis-je dans un sourire.
Ma langue est en feu, mais j'espère ne rien laisser
paraitre. Lui parvient à le boire comme ça, et je me demande comment il fait.
Je suis presque en train de me cramer les doigts sur la céramique de la tasse.
Du coin de l'œil, je le détaille silencieusement.
_ Tu n'es pas désagréable à fréquenter non plus !
C'est vrai, je ressens cet apaisement qui me manque
tellement en temps normal. Et même s'il a déclenché mon anarchie mentale, il y
a quand même une nette progression, grâce à lui. C'est pourquoi, je ne veux pas
l'embêter, le coller, même si je me sens bien.
_ Tu vis tout seul ici ?
Je n'ai jamais vraiment la tchatche, même si j'aime
m'intéresser aux personnes que j'apprécie. Jusqu'à il y a six mois, je n'en
avais jamais vraiment eu besoin.
Je fis un simple signe de la tête pour
le remercier de ses bonnes paroles. Je finis ce qu'il me restait de mon café en
une gorgée qui brula agréablement mon palais. Je me tourne alors plus
franchement vers lui.
-Pourquoi? J'ai l'air de vivre avec quelqu'un? Demandai-je
un peu étonné par cette question.
L'appartement semblait m'appartenir tout entier alors je
ne voyais pas l'utilité de sa réplique.
-Quelqu'un nous aurait surement dérangé si ce n'était
pas le cas, lui fis-je remarqué.
Je soupirais et me dirigeais vers l'évier où je déposais
ma tasse vide. Pour me relaxer je me posais devant la table basse, et tripotais
mon téléphone à la recherche du numéro de Tomeo. Ah et puis non ! Je
n'enverrais pas de message au petit blond. Je n'ai pas envie qu'il croit que je
m'accroche. Je penche ma tête en arrière pour apercevoir Kuragari qui me fixe.
Qu'est ce que je vais faire de lui moi? Il commence à vraiment m'attirer … La
courbe de ses jambes est purement merveilleuse, et son regard noir mélancolique
pourrait me donner la chaire de poule si je n'étais pas aussi froid.
Effectivement, je n'ai aucune logique.
Mais quelque part, je me sens comme rassuré. Je pense que si quelqu'un serait
arrivé à cet instant, je n'aurais pas réfléchit et je serai parti sans même le
saluer. Une impulsion. Je me retourne du côté de l'appartement, en m'appuyant
contre le rebord de la fenêtre simplement pour ne pas le lâcher des yeux.
_ Oui c'est vrai... C'est le matin, c'est excusable non
?
J'esquisse un faible sourire. Lorsqu'il relève les yeux
vers moi, je ne détourne pas le regard. Ses clavicules se dessinent
parfaitement, et les muscles de son torse se tendent légèrement lorsqu'il
penche la tête. Sa gorge tatouée est divine.
_ Et je trouve le fait que je ne sais plus ce que je dis
tout à fait normal , avec ce que tu m'as fait hier.
A nouveau je souris dans mon café, qui a un peu refroidi.
Il n'a pas le temps de répondre, mon portable se met à vibrer, coincé dans une
poche de mon pantalon et il semble s'agiter dans tous les sens pour en sortir.
Je m'en approche donc et m'assois à côté de Genzo en posant ma tasse sur la
table.
_ Oh un message de Tomeo !
"Salut, tu fais quoi ?"
Je fronce les sourcils alors qu'un petit
portable vienne perturber mes mots. Je n'aime pas être dérangé et surtout pas
quand je suis sur le point de sortir quelques mots bien placé sur un ton
totalement acide et fière. Comme si il n'avait pas aimé ça.
Mais alors que je voulais envoyer un message à Tomeo, ce
dernier en envoie un à mon amant de cette nuit. Ma mâchoire se contracte. Je
n'aime pas ça. Ne me dites pas que eux aussi ils couchent ensemble !
-Ne réponds pas, exigeai-je.
Mon regard se fit noire et j'attrapais son poignet avec un
peu trop de force peut être. Je n'ai pas envie qu'ils communiquent. Je sens que
ça va poser un tas de problème et je n'en ai pas besoin maintenant.
Je sursaute lorsque je l'écoute. Je ne
comprends pas, pourquoi est-ce que je ne devrais pas lui répondre.
Naturellement, je n'aurais pas dit à Tomeo où je me trouve en ce moment, ni que
son collège de travail est nu à côté de moi. Il plaque sa main autour de mon
poignet brutalement pour que je lui obéisse. Je ne sais pas ce qu'il se passe
dans sa tête. Ni entre eux deux pour qu'il ne veuille pas à ce moment que je
lui réponde. Il sert un peu trop fort...
_ De toute façon, j'aurai du mal puisque tu es en train
de me briser les os, fis-je dans un rire mal assuré.
Son regard est dur, et cela ne fait que multiplier mes
questions.
_ Et j'aimerai bien comprendre.
Comment un simple message peut le mettre dans cet état ?
Ou peut-être que ce que j'ai dit plus tôt lui a paru impoli. Néanmoins il faut
dire les choses clairement.
Je desserrais l'emprise sur son poignet,
me rendant compte comme avant que je lui faisais surement mal.
- Pardon je ne voulais pas. Fais ce que tu veux.
Je n'étais pas d'humeur à expliquer car je ne me
comprenais pas moi même. Je n'expliquais pas cette saute d'humeur soudaine. La
grossesse n'étant pas permis aux hommes, prétendre que les hormones avaient
quelque chose à voir là-dedans était impossible.
Je me relevais sans donner d'information pour aller
enfiler un caleçon et un débardeur blanc histoire de me couvrir. Puis je revins
m'assoir à côté de lui, ne sachant pas quoi faire d'autre. Peut être prendre ma
dose? Je ne suis pas sûre qu'il apprécierait.
Je sors donc une cigarette et l'allume vaillamment pour
faire baisser mon envie. Je suis nerveux, mes mains comment à trembler, mais je
me contrôle. Je crois que le manque me fait aussi réagir ainsi avec lui.
N'étant pas un mec possessif et jaloux, je ne voyais rien d'autre.
Je papillonne des yeux un instant,
comme si j'avais un énorme point d'interrogation au-dessus de la tête. Je ne
comprends rien.
_ Je ne sais pas vraiment quoi lui dire. Je coupe mon
portable si tu veux.
Ce que je fais, sans réfléchir. Je le range à nouveau dans
mon pantalon alors qu'il s'assoit à côté de moi, maintenant un peu plus
habillé. Il faudrait être aveugle pour ne pas voir à quel point il est tendu,
la danse énergique qu'entreprennent ses mains. Il y a encore une minute, à
peine, il était totalement calme. C'est une véritable énigme. Je finis
rapidement mon café. Je tourne de nouveau le regard vers lui, alors qu'il ne se
relaxe pas.
_ Hé, ça va ? Tu veux un massage ?
Je ne sais pas vraiment quoi faire d'autre. A par partir
évidemment. Mais même si je vois le danger arriver, je n'en ai pas du tout
envie. Une fois que j'aurai passé le seuil de sa porte, je me sentirai de
nouveau seul. C'est comme si ça présence m'est tellement bénéfique qu'elle
impose toute sa place dans mon esprit.
J'écrase encore la cigarette,
nerveusement, contre ma bouche. J'aspire de longue bouffer. Je vais me calmer,
ça va aller, ce n'est rien, que dalle, un petit sachet blanc n'allait pas être
plus fort que moi tout de même. Je hoche tout de même la tête pour accepter son
massage. Lui réussira peut être à me détendre. Par pitié.
Sa présence me calme, mais ce n'est pas suffisant, je le
sais. Je ferme les yeux. Je ne perdrais pas le contrôle. Ce ne sera plus moi si
je cède à ma petite dose magique.
-Ca va aller. Ce n'est rien, répétais-je à voix
basse.
S’il m'autorisait, si je lui demandais... Pourquoi avoir
sa permission après tout? C'est chez moi, non?
Je m'applique dans mes gestes, tentant
de le détendre un peu. Mes doigts appuient sur ses muscles, entre ses
vertèbres, sur sa nuque et ses épaules. J'écoute son murmure, et je commence à
m'inquiéter. Je me mets à imaginer un scénario catastrophe : c'est un
ex-taulard, qui est sous calmants. Et qu'il ne veut pas prendre ses cachets car
il prépare un plan cruel.
Je délire totalement. J'insiste dans son dos, mais je ne
fais pas grand effet. Je caresse sa peau plus doucement.
_ Une douche te détendrait peut-être plus... Non ?
Je laisse paraitre mon anxiété, sans vraiment le vouloir.
Je me sens coupable : j'aurai du éteindre mon portable dès que je suis arrivé
hier.
- Non il me faut autre chose. Autre
chose. S'il te plait, laisse-moi en prendre...
Ah, il ne comprendrait pas. Je plantais mes yeux suppliant
dans les siens. Une simple douche ne suffirait pas. Je n'allais pas me détendre
à coup de flotte : ça n'a jamais marché, et ne fonctionnera jamais. Un frisson
me parcoure. Je vais crever si je n’en prends pas. Mes yeux se ferment. J'ai
l'impression d'agoniser. Je ne vais pas tenir. J'écrase ma cigarette dans le
cendrier, en prends un autre.
Un mal de tête vient me fracasser la boite crânienne.
- Le tiroir, gémissais je alors que mes mains
venaient encercler ma tête.
Je n'ai pas hésité devant Tomeo. Pourquoi devant lui est
ce différent?
L'anxiété dégage et la panique
s'impose. Son visage semble se déformer, et ses mains sur son crâne se
crispent. Je ne reste pas une seconde de plus à le regarder gémir. Je saute sur
mes pieds. Un tiroir. Un tiroir. Quel tiroir ? Mes yeux se posent sur la table
de chevet. J'y crois et ouvre le casier. La peur vient se mêler à tout ça. Il y
a des sachets de poudre, des seringues, des pailles. Aucun jugement ne me
vient, je ne sais simplement pas différencier l'héro de la coc. Mais les
inscriptions sur l'un d'eux attire mon attention, je l'attrape ainsi qu'un tube
en plastique. Merci aux occidentaux d'avoir la moitié de leur population
droguée et d'en faire des films pour m'instruire.
Je reviens rapidement vers Genzo. La vue de son corps
courbé, tendu et tremblant m'affole encore plus. Je pose ma trouvaille sur la
table et me rassois sur le sol alors qu'il se jette dessus. Je pose une main
dans son dos, complètement paniqué.
Mes yeux s'illuminent alors que le
petit sachet et là devant moi. J'envoie balader tout ce qui se trouve sur la
table. Tout tombe dans un bruit sourd. Je dois être terrifiant, je n'ose pas un
regard vers lui. Sa main dans mon dos m'indique qu'il est là et qu'il semble
... inquiet?
Je trace ma ligne, inspire. Je n'ai pas le temps de voir
tout ça passer, ça va trop vite. J'en trace une seconde .... Ah! Je cligne
plusieurs fois des yeux. Ça y'est je me sens bien. Juste bien. Un sourire passe
sur mon visage et dans mes yeux. Je me tourne vers mon amant et lui souffle un
merci. Celui ci se finit en baiser sur ses lèvres, langoureux, appuyé, enfin si
il ne me rejette pas étant donner cette vague de tristesse et de soucis qui
parcourt ses yeux.
Le vacarme est atroce. Il devient une
bête à qui on jette un bout de viande. Je ne me rends compte que maintenant que
mon cœur qui fracasse mes côtes. L'adrénaline parcourt mes veines, et j'ai du
mal à avoir une pensée claire. Il me remercie, son visage parait beaucoup plus
détendu. Il plaque ses lèvres contre les miennes soudainement. Je ne réfléchis
pas et passe mes bras autour de son cou. Je resserre mon emprise au fil des
secondes. C'est à mon tour d'avoir le corps complètement tendu maintenant. Mais
je me perds dans son baiser passionné.
Je n'arrive pas à croire ce que je viens de voir. Je me
rends compte qu'en vérité, je ne le connaissais pas du tout. Peu à peu, je me
relaxe, alors que je sens ses mains contre ma peau. Je m'aperçois que je suis
venu me coller contre lui. Le baiser ne se termine plus. Il ne semble pas
vouloir l'arrêter non plus. Il est aussi vivace que moi. Je défoule toute ma
tension contre ses lèvres, déterminé.
Mais j'en viens à rompre cette union, à bout de souffle.
_ Désolé. J'ai juste... eu peur.
La vision de ses veines qui se dessinent, de ses doigts
crispés sur sa tête me hante.
Notre baiser semble animer de deux
émotions différentes et pourtant qui se mélange à la perfection. Nous déversons
dans cette échange une passion, et une hargne peu commune. Ce n'est pas
désagréable. C'est dure et doux à la fois, et je ne sais même pas pourquoi je
fais ça. Mes pensées divaguent, son corps se rapproche, je perds la tête.
Cependant le choc soudain de notre séparation me réveille. Je ne suis plus sur
de ce qui me met dans un état pareil.
Ma main vient caresser ses cheveux, passent dans son cou,
effleure sa clavicule.
-Dégage, soufflai-je avant de revenir appuyer mes
lèvres contre les siennes.
Un deuxième baiser s'engage, je ne suis pas sûre qu'il
soit pire que l'autre. Je m'acharne avec toute la frustration que je semble
avoir en ce moment même.
-Reste, dis-je encore.
Mes paroles n'avaient plus de sens. Je m'en fichais
éperdument car tout ce qui semblait intéresser mon cerveau était sa bouche. Ce
morceau chaire devait être châtier, purger, m'appartenir là maintenant. Je ne
voulais pas qu'il ait peur de moi …
-Je n'ai pas envie de t'effrayer … eus je le
courage de dire avant que je ne revienne mélanger son souffle au mien.
Il se contredit royalement. Je ne sais
plus ce qu'il faut que je fasse. De toute manière, il m'emprisonne dans ses
bras, aucune fuite n'est possible. Ses gestes m'enivrent, recouvrent ma peau,
emplis de douce violence. Il me fait entré dans une tornade d'émotions
déchirantes. C'en devient presque plus intense qu'hier. Des sensations sans
noms naissent dans mon esprit meurtri. Je ne tiens plus compte de ma
respiration irrégulière tant que je commence à manquer de souffle, ni de mon
dos qui me fait souffrir. Ses lèvres m'obsèdent, ses mots me font tourner la
tête, ses gestes me provoquent des frissons. Je ne comprends pas ce qu'il me
prend. C'est comme si, d'un coup, sa présence, sa valeur a explosé, provoquant
des ravages chez moi, une certaine addiction, un manque évident.
Mes doigts viennent se perdre dans ses cheveux, ma peau ne
se lasse pas de son passage, et mes lèvres ne se détachent plus des siennes.
Mon cœur ne se calme pas, animé par une énergie inconnue. Mes pensées
divaguent, se mélangent, s'entrechoquent, et la déchirure dans ma poitrine se
met à vibrer.
Je m'octroie néanmoins une pause de quelques secondes pour
respire, et souffler contre ses lèvres :
_ Tout va bien.
Non, je n'ai pas peur de lui, ni de ce qu'il fait. Le fait
de le voir tellement souffrir m'a surpris, et inquiété. Je n'ai aucune envie de
le revoir dans cet état, jamais. C'est trop effrayant. Je vienne à nouveau
reprendre notre danse enflammée, qui a ce que je ne sais de trop intense pour
moi, et qui au fond, met du sel sur la plaie.
-Alors si tout va bien je suis
rassuré, soufflai je juste après lui.
Ensuite tout s'embrouille. Une vague de sensation vient
enveloppé tout mon corps, et je ne peux pas lutter, emprisonné dans ce
tourbillon d'émotions. Dans ma tête tout va très vite. Je sens sa peau se
recouvrir de frissons alors que mes mains s'accaparent chaque petite partie de
son anatomie. Je mords, je griffe, je caresse, je lèche. Je suis une bête
sauvage, un vampire avide de lui. Il est là, de partout, dans mon délire le
plus profond. J'ai envie de l'entendre jouir, et quand dans mes prochains trop,
je n'entende que sa voix agonisante de plaisir.
Je suis encore plus insatiable que d'habitude, j'en oublie
même l'utilité d'un lit. Je profite de lui à même le sol, ne prenant pas en
compte la douleur qu'il pourrait ressentir. Il gémit, et pourtant, dans cet
acte charnel, je vois toute notre mélancolie et tous nos vices se mélanger.
Quel délicieux supplice ! La sueur recouvre nos corps. La vision est
merveilleuse, la musique de nos bouches et mouvements est la plus belle que je
n'ai jamais entendue. Jamais je n'ai eu un délire pareil auparavant, jamais.
Comment ce petit étudiant peut il me rendre ainsi?
Dans un dernier effort, nos âmes partagent la même union,
une parfaite fusion, et je viens recueillir cet être faible entre mes bras.
M'adossent au matelas, je le tiens contre moi. Nos torse essoufflés se meuvent
ensemble. Mes bras enserrent son poitrail : j'ai peurs. Après être monté aussi
haut, la descente risque d'être effrayante …
Je respire doucement. Mes lèvres se perdent dans son cou.
Si je n'avais pas l'habitude d'être aussi impassible j'aurais surement un
visage empreint de douleur et de tristesse, mais il ne bouge pas. A croire que
mes muscles se sont figés à cet endroit. Et en même temps, je me demande
pourquoi ce petit ange à un air aussi mélancolique à chaque fois. Pourquoi est
ce que ses yeux ont l'air de me crier qu'il souffre?
Il fut animé d'une énergie au moins
vingt fois plus vive que dans notre baiser. Et Dieu sait que je ne parvenais
pas à suivre son rythme. Il m'a mené dans sa danse incroyable, sans que je n'ai
le temps de comprendre quoique ce soit, sans que j'ai le temps de penser. Ses
cheveux ont courut partout sur mon corps ardent, me provoquant des dizaines de
frissons. J'ai été emporté dans cette transe, et je l'ai volontairement subit.
Et les émotions que j'ai ressenties n'ont que très peu de choses en communs
avec les autres relations. Il agit sur moi, il me provoque quelque chose et je
ne sais pas mettre le doigt dessus.
Il m'a aspiré toute mon énergie, je ne parviens pas à
ouvrir les yeux, ni à bouger pour l'instant. Je sens son souffle, blizzard sur
le feu de ma peau. J'avale difficilement ma salive. Mon corps me fait
légèrement souffrir, encore marqué de l'intensité de son passage. Le silence
dure quelques minutes, dérangé par nos souffles bestiaux qui finissent par se
calmer. Je commence à croire qu'aucun silence avec lui n’est pesant. Sa
présence est exaltante.
Je fais rouler l'arrière de ma tête sur son épaule, alors
que j'arrive enfin à ouvrir les paupières. Je murmure un remerciement contre la
peau de son cou.
Je viens attraper sa main. J'entortille
nos doigts ensemble, comme le ferait un couple, mais je m'en contrefiche.
Approchant sa paume de ma bouche, je viens y déposer un baiser. C'est
affreusement niai mais ce n'est pas moi : c'est la drogue, c'est lui, je ne
réagis plus qu'en fonction de ça. Alors mes lèvres n'ont qu'une envie, poser
cette ultime question qui me tracasse à présent à cause de cette substance
étrangère dans mon corps.
-Qu'est ce qui te fait tomber si bas? Quel est ce
désespoir que je lis dans tes yeux parfois?
C'est fou comme on peut être lyrique quand on est à trois
mille lieu de l'endroit où on devrait être. Mes doigts se délient des siens,
pour venir caresser sa joue comme si je découvrais de nouveau sa peau, juste un
effleurement.
Je sens mon corps se tendre. Malgré
tous les efforts que je fais, cela se voit toujours ? Je ne veux pas qu'il me
croit faible, fragile et ridicule. Mais pour tout ça, c'est trop tard. Il a vu
clair dans mon jeu. Et je ne suis qu'un imposteur égoïste. Je suis pris de
court. Pourquoi faut-il pose cette question maintenant ?
Sa tendresse arrive tout de même à me calmer. Et je suis
sûr que cette dernière et sa question sont reliées. Au fond, Genzo est vraiment
quelqu'un de gentil. Mon cœur en fait un bond. Mes émotions, à cet instant,
sont à vif. Je fixe longuement le plafond immaculé, cherchant avec attention
les mots, sans vraiment y parvenir. Tant qu'à raconter autant le faire
franchement pour qu'il saisisse absolument tout. Et je me sentirai peut-être un
peu plus léger...
_ Mon copain m'a quitté, il y a quelques... semaines.
J'étais fou amoureux. On s'était rencontrés il y a un peu plus de trois ans, il
a été le premier mec avec qui j'ai couché, et ma première One-night. D'autres
ont vite suivis, mais il y a quelques mois, nous nous sommes recroisés. Et bien
qu'il ne se souvenait pas de moi, il était gravé dans mon esprit. Il est barman
au Yoru-sake, alors il n'avait pas énormément de temps à me consacrer. Et moi
entre l'université et le mannequinat, c'était pareil. Mais néanmoins nous avons
presque vécu ensemble tout ce temps.
La plaie se remet à vibrer. Les souvenirs reviennent.
Tous. Mon cœur s'accélère à nouveau. Je sens son regard sur moi, et je tourne
le regard de l'autre côté.
_ Puis... Alors que tout allait bien, que j'allais
vivre avec lui, accepter mon contrat et mener une belle vie, j'ai fais une
rencontre à laquelle je ne m'attendais pas. Mon ex. Une histoire qui date de
plus de quatre ans maintenant, une fille. La seule. Et j'ai découvert que
j'étais père d'une merveilleuse petit perle. Et je suis fou de joie. Mais cela
n'a pas plus à Ryû. Il m'a littéralement jeté.
Je ne veux pas perdre la face. Pas devant lui. La vanité
revient tout à coup, à la charge. Je ne pleurerai pas.
C'est comme si je ressentais tous ses
sentiments à travers moi. Je plane totalement moi, j'ai envie de le serrer
contre moi et de lui dire de pleurer tant qu'il pourra. Je commence à assimiler
les informations : un pauvre ex qui revient, il tombe amoureux, une fille, un
enfant, une séparation, et maintenant il se retrouve dans les bras d'un
centenaire drogué. Ce mec à une vie palpitante ma fois.
-J'ai toujours pensé que les gays ne tombaient pas
amoureux. Ce n'est que du sexe. Les hommes ne sont pas capables d'aimer. Ce
n'est pas inscrit dans leur code génétique.
Vive la drogue ! Hallelujah mes frères, le seigneur a
parlé! Allez tous vous faire enculer ! Je soupire.
-Ne t'en fais pas. La vie est longue, tu es encore
jeune. Prends soins de ton gosse, et de ta santé, c'est le plus important.
Dieu parle, écoutez-le. Priez pour le salut de son âme. Je
ferme les yeux. Assez. Ces voix dans ma tête sont insupportables.
Peu à peu, la tornade se calme, mais ne
disparais pas. Elle semble moins dévastatrice. Et je sais que c'est grâce à
lui. Il me donne de l'affection, et je me sens bien, plus tranquille. J'en
ferme les yeux, tant cela fait du bien d'avoir un peu de paix dans ma tête. Et
je ne peux m'empêcher d'esquisser un faible rictus à sa première réplique. Je
demande un débat, là.
_ Moui... On est des hommes, c'est tout. On a un besoin
sexuel très important, c'est certain, et on y répond parfaitement. Mais
parfois, je pense qu'on délire et qu'on devient accro, simplement.
Pour ça, les filles ont raison ; les hommes ne pensent
qu'au cul. Soit, cela ne nous dérange pas.
_ J'y veille.
Je ramène mes jambes vers moi. Ses bras sont toujours
autour de mes côtes, et je le sens en sécurité, là. Tout ne va pas si mal en
réalité.
_ Et toi ? Parle-moi un peu de toi...
De moi? Que veut il que je dise. Ma vie
semble soudain plate à côté de la sienne.
-Je ne suis rien d'autre qu'un centenaire, pauvrement
sadique et drogué.
Je caressais son mollet du bout des doigts. Sa peau était
lisse et totalement parfaite, pas un seul défaut sur son épiderme. Pas de
cicatrices, pas de boutons, même pas de poil, juste des tatouages. Mes lèvres
embrassent le derrière de son oreille.
-Je n'ai pas de drame dans ma vie à part ma dépendance.
Je l’admets, je le suis. La plupart des gens croient
qu'ils sont capables d'arrêter. Moi je ne peux pas. C'est pour cela que je me
pousse jusqu'à ce que mon corps en réclame vraiment. Cependant ça donne des
situations comme celle d'avant. Ma bouche revient dans son cou, qu'elle remplie
d'innombrable baisers. J'aime l'ambiance qui nous entoure, elle est étrange.
Je ne veux pas me poser de questions
sur la situation, ni sur ce que je ressens hormis la paix. Car je sais que
toute autre chose n'est pas bonne. En tout cas, pour le moment. Il faut que je
suis moins perméable à ses gestes, ses mots et sa présence. Ce qui s'avère ne
pas être une chose simple. Néanmoins c'est nécessaire, je le sens.
Sa dépendance ne représente pas grand chose pour moi, cela
ne me dérange pas au fond. Cela n'a rien à voir avec la tranquillité qu'il
offre, et qui me berce lentement.
_ Centenaire ? Tu es si vieux que ça ?,
demandais-je dans un faible rire.
J'ai beau me creuser la tête, je ne parviens pas à lui
donner un âge. Mais je ne pense pas qu'il soit vraiment vieux. Certainement
qu'il y a un écart entre nous, néanmoins cela m'importe peu. Voire pas du tout.
Ses douces intentions manquent de me faire chavirer, et je n'arrive pas à
rouvrir les yeux. Il va falloir que j'évite de passer pas mal de moment que
celui-là avec lui... car il n'y aura pas que lui qui aura une addiction.
Quoi? Il ne croyait quand même pas que
j'avais son âge? Quinze ans c'est ça? Non quand même pas ... dix-neuf, peut
être vingt ... Je ne me souviens plus .
-Tu me donnes combien? Si tu te trompes de plus de
deux, tu devras repasser par mon pieu ok?
Ce n'était pas compliqué. Je suis sure que si il le
voulait il pouvait faire exprès de se tromper. En tout cas j'espérais. J'avais
l'espoir fou de le revoir. Vite, bientôt, dans un futur plus que proche. Ma
bouche continue de harceler chaque partie de peau à sa disposition. Je m'enivre
de son parfum. Quel délicieuse saveur malgré que l'on vienne de s'épuiser.
Je hausse les sourcils, cette fois je
parviens à rouvrir les yeux. Je le voyais venir, et il semble avoir deviner que
je n'arriverai pas à trouver son âge, mais aussi que je ne dirai certainement
pas non si je devais repasser par ici. Ce serait un acte inconscient de refuser
une invitation pareille. Je fais mine de réfléchir, bien qu'il soit en train
d'essayer de me manger le cou -ce qui fait embraser ma peau de nouveau-, ayant
abandonner l'idée de deviner sérieusement.
_ Hum... De plus de deux hein ? Alors cent-trois ans ?
Je rentre dans son jeu, et j'échappe un alors que mes
doigts effleurent sa nuque. Depuis combien de temps n'ais-je pas ri ? Trop
longtemps, j'en suis sûr. Peut-être que je ne reviendrai pas seulement pour que
je goûte de nouveau à ses divins talents, mais aussi et certainement grâce à
tout ce qu'il arrive à m'apporter, avec tant de facilité. C'est déconcertant.
Mes amis ont essayé de me porter soutien, mais rien n'a réussit à me faire
progresser. Je passe une nuit chez lui, et me voilà presque métamorphosé. Mais
je crains le moment où je partirai, où je quitterai cet endroit trop
merveilleux pour être réel, habité par cet homme si exaltant que cela en
devient vital, et que je sombrerai encore dans une solitude constante, qui se
sera surement multipliée.
J'échappe un rire plutôt sonore. Petit
malin... Ce gosse a le don d'être perspicace, si ce n'est drôle.
- C'est dommage tu t'es trompé d'environ soixante-dix
ans. Et jusqu'à preuve du contraire soixante-dix est supérieur à deux, ce qui
est donc égale à toi dans mon lit, un autre fois. Mais il faudra prendre
rendez-vous, je suis quelqu'un très occupé tu sais.
J'ai un petit rictus satisfait. Mes doigts remontent le
long de ses mollets, et l'attrapant par la taille je l'enlève de contre moi
pour pouvoir me relever. Une fois debout je fais craquer mon squelette tout
entier avant d'indiquer que je vais simplement me doucher.
- Mange quelque chose ou bois une bière en attendant,
même si je ne serais surement pas long.
J'échappe un faible rire à sa première
réplique. Lorsque je le sens se relever, je suis légèrement déçu malgré moi. Je
sais pourtant que c'est mal, pour moi. Car il y a cette chose au fond de moi
qui commence à naître et je ne peux pas laisser ça éclore. Je dois éviter de me
méprendre au plus possible.
Et pourtant, pendant ce moment de tendresse interdite, je
me suis senti en paix avec moi-même, l'espace d'un court instant. Néanmoins je
ne m'autorise en aucun cas d'espérer en avoir d'autre. Car il n'y a que lui qui
me fait cet effet. Je dois refouler l'envie, bien que cela est couru d'avance :
je n'y arriverai pas.
Le voilà qui s'éloigne déjà exposant à ma vue son corps,
nu et encore voilé de sueur, divinement magnifique.
_ Ok !, je parviens à dire
joyeusement.
J'admire une dernière fois sa silhouette avant qu'il ne
referme la porte de la salle de bain, alors que je me retrouve à nouveau seul.
Je prends conscience du faible sourire que j'ai sur les lèvres, certainement
depuis un petit moment. Mon regard s'attarde sur la pièce. Moi, Kuragari, j'ai
du mal à croire que je suis dans l'appartement de l'homme que j'ai rencontré à
Hanachi, et de ce que j'y ai fait. Il semble tellement différent que lorsque je
l'ai rencontré. L'impression qu'il m'avait donné en quittant la plage m'a hanté
et laissé un goût acide. Mais il semblerait que je mettais tromper sur son
compte. Dans le bon sens.
Je me relève difficilement, une affreuse douleur me
faisant grimacer, sûrement une conséquence du sol trop dur pour nos vices. Une
fois sur mes pieds, mon ventre émet un rugissement bestial. Mes pas me
conduisent alors vers les placard, en quête d'une quelconque nourriture qui
pourra combler ma faim. Je fouille sans vraiment de gêne. Et à en juger par le
contenu, il a l'air de plutôt apprécier cuisiner. Pour un homme vivant seul, je
trouve que c'est important de le noter. Mon regard rencontre un petit paquet en
plastique jaune. Je me rue dessus et en arrache une extrémité, ne pouvant même
pas attendre de m'asseoir. Des M&M's, de la pure malbouffe, mais je m'en
fiche et commence déjà à piller le contenu. Je porte les minuscules boules de
cacahuètes enrobés de chocolat à ma bouche par cinq. En quelques secondes, j'ai
vidé le tiers du paquet. Je me dirige vers son frigo, la déshydratation se
faisant ressentir à son tour. Je remarque une certaine quantité de bières et
esquisse un sourire. J'en saisis une cannette et pars m'installer à la table
pour déguster mon festin.
Je me mets soudainement à repenser à son âge. J'effectue
le calcul dans ma tête. Cela donnerait environ 30 ans, une petit dizaine
d'année de plus que moi. Je hausse les épaules, je m'en contrefiche. Par un
moment d'inadvertance, je renverse le sachet et les bonbons se mettent à rouler
sur la table. Sur celle-ci git encore le sachet de poudre blanche, et la
paille. Une petit boule jaune vient se rouler dans les résidus de poussière
addictive. Je regarde sa course, jusqu'à ce qu'elle tombe au sol, d'un air
attentionné. La métaphore de cette scène m'oblige me donne un autre argument
pour éloigner mes visites chez lui. Qui sait ce qui pourrait se passer, un jour
que je serai mal en point... Meurtri, on ne se rend pas vraiment compte de ce
que l'on fait, et la tentation est souvent plus forte. J'attrape la sucrerie
perdue, la frotte sur ma paume énergiquement pour ensuite la manger. Alors
pourquoi est-ce que je n'en ai pas envie, pourquoi est-ce que j'ai quand même
envie de le revoir ?... J'ai déjà répondu à ces questions.. Je commence à
tourner en rond.
Je regarde le dessin abstrait formé par les M&M's, et
m'active finalement à les replacer dans le sachet, même si une fois sur deux,
je finis par les manger.
L'eau est délicieuse. Pourtant sa
température est glacée comparé à la chaleur précédente de nos ébats. Sur mon
visage les gouttes glissent à une vitesse affolante. J'ai peur de lui, j'ai
peur de moi. J'avoue qu'il devient obsédant. Je pourrais me dire que c'est la
drogue qui me fait dérailler ainsi, et je sais que j'aurais raison en un sens.
Cependant, il est encore dans ma tête, là, maintenant. Je reste plus longtemps
que prévu sous la douche. J'ai besoin de remettre mes idées au clair. Tomeo,
Kuragari, la drogue... Ce ne sont que des gosses, bordel !
Mes doigts griffent le mur, en vain, mais je crois que je
ne m'en rends pas vraiment compte. Je ne réalise que quand je vois mes
phalanges prendre une teinte rouge : je viens de frapper dans la paroi et je
n'ai rien vu. Je sens a présent la douleur. J'étouffe un cri, puis les passe
sous l'eau pour rafraichir la plaie. Je souffle. J'ai besoin d'une clope.
Coupant l'eau, je mets une serviette autour de ma taille
et attrape un bandage que j'accroche à l'arrache sur ma main. Je sors de la
salle de bain et le vois assis, a boire une bière et s'amuser avec des bonbons.
C'est ça, un gamin. Et pourtant, cela m'arrache un pauvre sourire.
Sur la table basse se trouve aussi mon paquet de cigarette
que j'attrape, pour ensuite aller me servir une bière. Nicotine en bouche pour
me détruire les poumons et alcool pour me détruire le foie. Quelle dangereux
mélange. Et lui? Qu'est ce qu'il va me détruire lui?
Je le regarde avec son air innocent sur le visage. Dieu
aurait il créer un ange pareil sans penser aux conséquences?
C'est lorsque je l'écoute s'asseoir à
côté de moi que je remarque que je suis toujours nu comme un ver. Tant pis, mon
dos me fait vraiment souffrir pour le moment, je vais attendre que ça se calme
pour avoir la force d'aller chercher mon caleçon. Qui, en vérité, se trouve à
côté de moi. Je tourne la tête vers lui pour lui sourire, alors que l'agréable
parfum de sa douche vient inonder la pièce, mêlé à l'odeur du tabac. Il a cette
façon de tirer sur sa cigarette qui est curieusement désarmante et, d'une
manière indéfinissable, civilisée. Ce geste a quelque chose d'attirant, d'une
grâce et d'une souplesse enviable.
Je baisse à nouveau les yeux sur les friandises, sinon je
sens qu'il va se passer une catastrophe. Mais à la dernière seconde, je me
dérobe et repose mon regard sur lui, plus précisément sur sa main. Je suis à
peu près sûr qu'il n'avait rien à cet endroit, encore quelques minutes plus
tôt. Aurais-je donc louper un épisode, perdu dans mes réflexions déconcertantes
?
_ Qu'est-ce que tu as, là ?, demandais-je presque
timidement.
Histoire de me donner un air un peu plus décontracté, je
bois quelques gorgées de bières.
Prenant une grande gorgée du breuvage,
j'essaye de lui répondre avec décontraction. Inventé un mensonge, c'est ça le
jeu. Je ne sais même plus pourquoi je me suis fais mal.
-Ce n'est rien. Ça va passer. C'est qu'une égratignure.
Je regarde ma main avec attention, la faisant bouger
devant mes yeux. J'observe ce bandage approximatif et maladroit. Il était
d'ailleurs entrain de se défaire. Je fronçais alors les yeux et passais ma
langue sur le piercing en bas de ma lèvre, je m'y pique mais m'en préoccupe
peu. Le regardant du coin de l'œil je vois son regard un peu inquiet … Inquiet
pour moi? Étrange.
-Tu ne t'habilles pas? Demandai-je pour détourner
son attention.
Je n'ai plus de raison. Je ne cesse de
me dire que cet homme, qui a une valeur particulière à mes yeux, ne devrait pas
être blessé, tout simplement parce que ça me dérange, m'énerve, m'inquiète.
Cela semble gâcher toute son image, son allure. Néanmoins, ne se blesse-t-il
pas déjà avec la drogue ? Évidemment, mais cette fois-ci c'est beaucoup plus
concret. A sa question, je décide d'arrêter de le prendre pour un Dieu.
_ Ah si, dis-je dans un sourire.
Encore une fois, je me relève avec moins de délicatesse
qu'à mon habitude et attrape mon caleçon pour m'en revêtir. Les chiffres rouges
de son réveil m’indiquent qu'il est déjà plus de 10h30. Le temps passe trop
vite et me file entre les doigts. Je m'habille rapidement, laissant tout de
même ma veste sur le lit. Je me rassois à ma place et mange une autre petite
boule colorée.
_ Et tu as quel âge exactement, monsieur ?, dis-je
dans un sourire.
La valeur approximatif me donne un suspens. De toute
façon, qu'il ait 29 ans ou 32, pour moi, il reste Genzo. Et je ne changerai pas
d'opinion là-dessus.
J'attrapais une première bille de
chocolat pour la lui mettre dans la bouche, puis une deuxième, puis s'ensuivit
une ribambelle d'autre jusqu'à ce qu'il en ait croqué vingt-sept au total. Je
le regarde avec un petit sourire au coin.
-Mon âge équivaut au nombre de bonbons que je viens de
te donner.
Subtil, mais j'espère qu'il les a compté car je ne lui
donnerais pas les chiffres de ma vieillesse. Il est sexy habillé comme nu. Je
ne peux m'empêcher de me dire qu'il va bientôt partir, et que ça ne me réjouit
pas. Il le faut cependant.
Je suis d'abord déçu qu'il ne me
réponde pas, mais au bout du cinquième M&M's, je comprends son jeu. Je me
mets à les compter, me provoquant presque un mal de tête tant les nombres se
suivent et mettent en valeur toute ma fatigue. Je suis à peu près sûr de ne
plus savoir compter à partir de quinze. Je m'emmêle les pinceaux royalement. Mais
au final, et après avoir avaler le total exorbitant de 324 calories d'un coup
sans compter celles que j'ai manger avant, j'en viens au compte de vingt-sept.
La dernière boule encore non croquée dans ma bouche, je lui demande
confirmation :
_ Vingt-sept ?
Il détourne la tête et tire sur sa cigarette. J'avale le
chocolat avant de boire quelques gorgées de bières. Le mélange que j'ingurgite
de puis tout à l'heure n'est pas vraiment fameux -bière, chocolat, on a vu
mieux- mais je m'en satisfais pleinement. Mon ventre s'est calmé.
_ Sept ans d'écart, ce n'est pas non plus totalement
aberrant. Enfin c'est mon avis.
Je délaisse le paquet jaune, trouvant soudainement que
j'ai absorber assez de calories comme ça. Bien que j'ai perdu encore quelques
kilos ces dernières semaines, restant trop longtemps dans ma chambre sans
prendre la peine de passer au réfectoire, je pense que je sui mieux comme ça.
J'ai eu une certaine tendance à me laisser aller ces derniers mois, et cela se
ressent sur les photos. A mon souvenir, il me semble avoir une séance photo
cette après-midi.
Je dépose mes bras sur la table pour y caler ma tête
tournée vers lui, avec toujours ce faible sourire. Voyant que mes yeux se
ferment d'eux-mêmes je me redresse subitement.
_ Bon, je vais y aller, moi. Il faut que absolument que
je dorme, pour récupérer de tout ça, sinon mon patron va hurler en voyant ma
tête.
J'émets un faible rire, mais n'en pense pas moins. Rizo se
fait de plus en plus sévère.
Je hoche la tête. C'est mieux ainsi.
Qu'il s'en aille avant que ça ne se finisse à priori "mal".
-Va, soufflai-je.
Pas une pointe d'amertume dans ma voix, en tout cas
j'essaye de ne pas laisser paraitre que j'ai envie de le revoir très vite. Je
me lève en même temps que lui et alors qu'il se penche, je récupère son
téléphone situé dans la poche arrière de son pantalon. Il me regarde, je tape
mon numéro et mon nom, et le lui rend.
-Appelle-moi à l'occasion.
Puis je lui tends le mien pour qu'il rentre son propre
numéro.
Je tente de cacher ma joie, mon envie,
ma jubilation. Je tape nerveusement mon numéro, d'une façon nonchalante pour ne
pas le faire douter. Je dois faire bonne figure. Et c'est à ce moment précis
qu'il faut que j'assure : je ne veux pas qu'il croit que je m'attache, ou même
que je prévois de m'enchaîner à Hanachi pour ne pas revenir le voir trop tôt.
De toutes façon, il peut bien penser ce qu'il veut, de mon
côté, je suis toujours aussi perdu. S'il peut me donner des réponses, je les
accepterai avec joie. Je le redonne son portable et range le mien à sa place
initiale.
_ J'y manquerai pas !, souris-je.
Je prends ma veste et me dirige vers la porte.
_ Bye, à la prochaine, dis d'un ton volontairement
contrôlé, bien trop bas à mon goût.
Je préfère m'éclipser très vite, plutôt que de m'attarder
à imaginer la prochaine fois que je le verrais alors que je lui dis au revoir.
Le cliquetis métallique de la porte annonce le début de ma
solitude insupportable. L'hideuse vérité est là, dans ce couloir trop sombre. Sans
réfléchir, je me précipité en bas des escaliers, trouve l'issue de secours sans
grand effort et me mets à courir dans la rue, le cœur palpitant, le ventre
noué, le dos fracassé et les larmes naissantes.
Commentaires
1. Azumi Kietsch le 23-10-2009 à 01:36:29 (site)
Heureusement que Zoé m'a expliqué , même si j'ai encore a moitié compris mais bon lol .
Peace & Smile